Pourquoi le déficit à 3% du PIB est une invention 100%… française

Source : La Tribune.fr – 01/10/2010 | 19:21 – 4891 mots  |  

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 Pourquoi le déficit à 3% du PIB est une invention 100%... française

Pourquoi le déficit à 3% du PIB est une invention 100%... française

Guy Abeille était chargé de mission au ministère des Finances sous Giscard puis au début de l’ère Mitterrand. Il révèle pour La Tribune comment est né, en France et non en Allemagne, le sacro-saint ratio de 3% du PIB pour les déficits publics. A l’origine, il s’agissait d’imposer la rigueur aux ministres socialistes. Puis cette référence cardinale a fait école, bien qu’elle fut dépourvue du moindre sens économique.

Par les temps qui courent, les attentions sont focalisées sur les déficits publics. Il vous intéressera peut-être de savoir quelle est la toute origine du seuil de 3% de déficit public rapporté au PIB – référence devenue cardinale, et critère retenu par le traité de Maastricht.

Je suis un ancien chargé de mission (agent non titulaire de l’Etat : non pas fonctionnaire donc, mais mercenaire) du Ministère des Finances, où, jeune diplômé de l’ENSAE (Ecole Nationale de la Statistique et de l’Administration Economique), je fus en fonction d’octobre 1977 à juin 1982, à la Direction du Budget, 1ère sous-direction (celle des synthèses, les autres étant spécialisées par ministères : justice, armée, etc…).

J’y fus chargé de suivre, analyser et commenter au mois le mois l’exécution du budget de l’Etat, et de fournir tout au long de l’année, et de façon de plus en plus pressante quand approchait la fin de l’exercice budgétaire, la prévision de son solde d’exécution – en l’espèce, de son déficit. Cette mission se concrétisant par la rédaction d’une « note au ministre » mensuelle, révisée et visée par mon chef de bureau et mon sous-directeur (ainsi va l’Administration), puis signée du Directeur du Budget après entrevue avec lui, et adressée au Ministre; de là filant aux cabinets de Matignon et de l’Elysée.

Et en fin d’exercice, nous recevions mandat, selon la météo électorale – c’est à dire explicitement selon l’horizon des plus proches élections -, de jouer des marges de liberté que pouvaient nous ménager quelques zones de flou de la comptabilité publique pour améliorer (ou dégrader si les élections étaient à deux ans) le résultat qui serait pour finir gouvernementalement publié, transbordant donc d’un exercice à l’autre l’impedimentum de telles ou telles recettes ou dépenses miraculeusement devenues migratoires. En réalité, en ces temps rivoliens (dont je n’imagine pas qu’ils ne fussent également révolus…) c’était moi, et moi seul, qui, entre décembre et février (le mastodonte budgétaire, en certains de ses organes, s’étale de deux mois sur l’année suivante), étais officieusement chargé de faire preuve d’inventivité, de sagacité, et de doigté (cela va sans dire), pour établir la liste chiffrée, et manuscrite (rien ne serait imprimé), de ce qu’il était possible de faire; ou de faire encore, car d’année en année nous finissions – moi, et ceux qui d’un goupillon cardinalice, hiérarchique et discret bénissaient mes trouvailles – par griller nos successives cartouches, ne pouvant revenir impunément sur une règle que nous avions nous même hautement, et bruyamment hélas, proclamée l’année précédente parce qu’elle arrangeait la présentation comptable voulue cette année-là par nos ministres. Cela sans autre soutien, on l’aura compris, que l’approbation – orale – donnée par mes autorités (habituellement le mistigri était lestement repassé jusqu’au cabinet du Ministre), et en prenant garde de ne pas faire trop monter le rythme des hoquets ni d’exagérer le niveau des remontrances qui ne manqueraient pas d’être, hoquets et remontrances, émis par la Cour des Comptes – mais deux années plus tard, en fait, au moment de la loi dite de règlement, à laquelle, au vrai, plus personne n’accorderait intérêt. Durant deux mois, ainsi, tout allait son train par téléphone et additions, ou soustractions, sur de petits papiers; et début mars le rutilant résultat bugétaire était porté sur les fonts médiatiques (cela, il faut bien le reconnaître, mais telle est l’incurable myopie politico-technocratique, dans l’indifférence colossale éprouvée par l’électeur de base, pour la financière édification duquel pourtant toutes ces habiletés avaient été tissées).

L’entrée en déficits

J’en viens au seuil magique – pour un peu, chamanique – du déficit à 3% du PIB.

Le premier choc pétrolier se produit à l’automne 1973: quadruplement du prix – la bombe la plus nocive de la guerre du Kippour est celle qui frappe l’économie mondiale. Exit les Trente Glorieuses.

La crainte première est celle du déséquilibre extérieur et de l’inflation: Giscard d’Estaing, tout nouveau Président, y répond par le « plan de refroidissement » Fourcade. Plan qui se traduit par un volontaire et notable excédent budgétaire. Stop and go d’anthologie: le plan de relance Chirac qui le suit en prend le contrepied (un modèle de relance keynésienne, qu’on cite encore dans les écoles). Nous sommes en 1975, les finances publiques viennent d’entrer lourdement dans le rouge. C’était il y a 35 ans. Nul ne le sait encore: la trappe s’est ouverte, elles n’en sortiront plus.

Pourtant, s’il ne tenait qu’à lui, Raymond Barre, qui en 1976 passe aux manettes de l’économie, gèrerait les finances à l’équilibre (on sait combien il aime à se portraiturer en bon père de famille). Giscard d’Estaing, c’est à dire la nécessité électorale (la gauche passe à un cheveu de la victoire en 1978), lui en impose autrement. Même l’exquis soulagement qu’apportent les législatives de mars 1978 ne lui donne pas le loisir de ressaisir ses principes. Car le vent souffle d’ouest, Thatcher et Reagan bientôt seront élus: après l’austérité des années 76-77, l’air se fait libéral (on se souvient des barristes « bois mort » et autres « canards boîteux », comprendre textile, sidérurgie…). Ainsi après un premier tour de piste en début de septennat, arrive pour la fin du mandat la seconde figure du tango économique qu’aura conduit Giscard, accordéoniste télégénique mais de faible renom: un pas sur l’inflation (refroidissement Fourcade, austérité des premières années Barre), un pas sur le chômage (relance Chirac, libéralisation Barre). Le déficit, tenu en 1976 et 1977 en lisière des 25 milliards, bondit en 1978 à un, libéral faut-il croire, 41 milliards de francs. Et voilà que fin 1979 débute le second choc pétrolier. Ainsi, tous les budgets de Giscard (sauf le premier), et de Barre, auront été en déficit. Pour des montants (hormis la relance Chirac, plus massive) légèrement supérieurs à 1% du PIB. Mais en ce temps, nul n’use de cette référence. Ce ratio est absent des esprits; il n’a pas d’existence.

Les dernières années, budgétairement Giscard d’Estaing n’a qu’un point de fixation: ne plus laisser au déficit franchir la ligne des 30 milliards de francs; elle aurait à ses yeux une portée politique. Les deux budgets d’avant la gauche s’y tiennent vaillamment (-31 milliards de francs chacune des années 1979 et 1980); au prix, s’il m’en souvient, d’un art de l’évitement dans la confrontation avec l’écueil comptable, qu’après trois années de pratique à la Direction du Budget, je commence à assez posséder.

Arrive 1981

Le budget a été présenté avec un déficit de 29 milliards de francs (on reconnaît là la limite fétiche, et un sens du marketing d’étiquette que nous aurons souvent vu à l’oeuvre chez Giscard d’Estaing, dès lors qu’il s’agissait de publier des chiffres – prière d’annoncer, par exemple, que les prix augmenteront de 9,9% et non de 10%). Cependant, dans les quelques mois qui précèdent le vote, la compétition électorale est gagnée par de vives ardeurs, on a des inquiétudes, et tout Barre qu’on soit, il faut bien en accepter les contingences financières collatérales: on n’aurait garde de ne pas s’attacher ceux qui pourraient pencher pour soi, ou bien seraient possiblement tentés de regarder ailleurs; ces saisons ne sont guère propices à une gestion retenue des finances publiques. Et quand, au terme du combat, la gauche tient sa victoire, on n’en est plus à résister sur la ligne des 30 milliards de francs. Sans que rien n’en eût filtré en dehors de nos murs (d’ordinaire le fonctionnaire est loyal), les élections ont fait sauter, sinon la banque – après tout, on n’en est encore qu’à sept années de dette -, du moins le seuil. Je me revois ainsi, au surlendemain de l’élection, enfiler un des longs couloirs du Louvre, dans l’aile Richelieu où depuis cent dix ans comme un coucou nichait le Ministère des Finances (aujourd’hui le marbre ailé d’Apollon poursuivant Daphné a remplacé l’airain terrible du Budgétaire traquant la Dépense stérile), pour donc informer le rond, le gai et l’affablement zézayant Jean-Paul Huchon, chef du bureau Agriculture et Communautés européennes (lier les deux c’est déjà toute une époque), lequel est au sein du Budget un des représentants connus de l’état-major socialiste (adjoint de Rocard à la mairie de Conflans-Sainte-Honorine, il sera dès le 22 mai, et pour dix ans, son directeur de cabinet), l’informer que le déficit sur lequel il faut tabler, avant même tout geste du nouveau pouvoir, n’est pas en deçà des 30 milliards de francs jusqu’ici proclamés, mais maintenant au delà des 50 milliards: dans les chaleurs pré-électorales, le libéralisme de Giscard et de Barre s’est dénudé en libéralité. Deux mois plus tard, la première loi de finances rectificative socialiste en prendra acte, actualisant le déficit à 55 milliards; et dès le début juin, sans attendre, Laurent Fabius va rendre ce chiffre public.

Car le ministre qui nous est dévolu s’appelle Laurent Fabius (un jour, se rappelle-t-on, par souveraine onction présidentielle il en sera fait don, comme Premier Ministre, à la France). Laurent Fabius a obtenu d’inaugurer le titre, jusque là inconnu au bataillon, de Ministre délégué – derechef bruisse dans les couloirs la rumeur, attendrie, qu’il aurait trépigné pour qu’on le distinguât de cette innovation (on ne connaissait jusque là que des Secrétaires d’Etat, le premier des Ministre du Budget dans l’histoire de tous les gouvernements ayant été le prédécesseur de Fabius, Maurice Papon, grand commis de l’Etat – n’importe quel Etat), cela à la seule fin, courte vanité, d’avoir rang de ministre à un âge inférieur à celui de Giscard: Fabius donc sera ministre, délégué hélas! mais ministre tout de même à 36 ans moins trois mois, quand Giscard misérablement ne le fut qu’à 36 ans moins quinze jours… Ce qui lui donne, tout de même, droit de présence aux conseils des ministres, et, car il l’a obtenu, signature des lois de finances sans le ternissant voisinage de Jacques Delors, son ministre de prétendue tutelle.

Nous arrivons fin juin, et s’il y a urgence pour adapter l’action budgétaire à la nouvelle donne, plus grande elle est encore pour préparer le budget de l’année 1982, qui sera la première de plein exercice pour la gauche au pouvoir. Las! malgré l’autorité toute neuve due au Ministre délégué, et à son rang, il nous revient assez vite que, dans l’effervescence de cette aube nouvelle, camarade! et l’inaccoutumance des néo-ministres aux règles de gouvernement, ces derniers multiplient à qui mieux mieux les visites du soir auprès du Président pour plaider in vivo leurs besoins en crédits (or, l’expérience séculaire du Budget montre qu’en réalité il n’existe pas de demandes de crédit qui ne soient authentiquement justifiées – le gouvernement, du moins le budgétaire, commence avec l’art de faire tomber l’oukase du refus). Et, au vu des données qui s’agglomèrent peu à peu sur mon bureau, il apparaît assez vite qu’on se dirige bon train vers un déficit du budget initial pour 1982 qui franchira le seuil, jusque là hors de portée mentale, des 100 milliards de francs, chiffre que les plus intrépides d’entre nous n’auraient même en secret pas osé murmurer.

Une commande, un soir

C’est dans ces circonstances qu’un soir, tard, nous appelle Pierre Bilger (qui à quelque temps de là s’envolera vers Alcatel pour y faire la carrière que l’on sait), devenu le tout récent n°2 de la Direction du Budget à son retour du poste de directeur de cabinet de Maurice Papon (qui Ministre du Budget donc, mais aussi considérablement septuagénaire, s’est acquis dans nos couloirs une manière de fan-club pour ses assoupissements parfaits lors des débats techniques à l’Assemblée Nationale, et ses brusques réveils au profond des séances de nuit, que les plus avertis d’entre nous, ou les mieux pourvus en ancêtres vivants, ont eu tôt fait de diagnostiquer comme la, bien documentée, insomnie du vieillard).

Donc nous voici convoqués, c’est à dire moi-même, et Roland de Villepin, cousin de Dominique, mon camarade de promotion et récent chef de bureau (ce poste est réservé en apanage à ceux qui, comme lui, sont fonctionnaires: il est Administrateur de l’INSEE). Formés à l’ENSAE, nous sommes considérés dans la faune locale comme appartenant à l’espèce, rare au Budget, des économistes (les autres sont des énarques, ces grands albatros de l’administration généraliste), et plus spécialement, car passablement mâtinés de mathématiques (nous sommes des ingénieurs de l’économie, en quelque sorte), de la sous-espèce des économistes manieurs de chiffres – sachant faire des additions, nous plaisante-t-on, en référence, évidemment, aux agrégés-sachant-écrire.

Bilger nous informe en quelques mots du ballet budgétaire élyséen en cours, et il nous fait savoir que le Président a urgemment et personnellement demandé à disposer d’une règle, simple, utilitaire, mais marquée du chrême de l’expert, et par là sans appel, vitrifiante, qu’il aura beau jeu de brandir à la face des plus coriaces de ses visiteurs budgétivores.

Il s’agit de faire vite. Villepin et moi nous n’avons guère d’idée, et à vrai dire nulle théorie économique n’est là pour nous apporter le soutien de ses constructions, ou pour même orienter notre réflexion. Mais commande est tombée du plus haut. Nous posons donc, d’un neurone perplexe, l’animal budgétaire sur la table de dissection.

Nous palpons du côté des dépenses, leur volume, leur structure, avec dette, sans dette, tel regroupement, tel autre, ou leur taux d’accroissement comparé à celui de l’économie. Il y aurait bien moyen de détailler à la main quelques ratios consommables, mais tout cela est lourd et fleure son labeur: norme flasque, sans impact, aucune n’est frappante comme une arme de jet, propre à marquer l’arrêt aux meutes dépensières. Nous retournons la bête du côté des recettes: impôts d’Etat sur revenu national? mais les impôts fluctuent avec la conjoncture, plusieurs sont décalés d’un an… Surtout, nous ne pouvons échapper à l’attraction des prélèvements obligatoires, dont la fiscalité d’Etat n’est guère qu’une part : peut-on valablement se cantonner à elle? le débat ne manquera pas de naître, à juste titre, et prendra vite le tour d’un brouhaha technique. Tout ça sera confus et sans force probante, au rebours du principe-étendard que nous avons reçu commande de faire surgir pour ostension publique. La route des recettes est coupée. Une seule voie nous reste: le déficit.

Le déficit, d’abord, du citoyen lambda au Président de format courant, ça parle à tout le monde: être en déficit, c’est être à court d’argent; ou, si l’on préfère, tirer aujourd’hui un chèque sur demain, qui devra rembourser. Ensuite, le déficit a depuis Keynes acquis ses lettres de noblesse économique: il figure vaillamment dans les théories, il est une des plus visiblement opératoires variables des modèles. Lui seul, c’est évident, a la carrure et la netteté pour nous tirer d’affaire. Le déficit ! mais qu’en faire ? à quelle contrainte le plier pour en extraire une norme?

Le coup est vite joué. La bouée tous usages pour sauvetage du macro-économiste en mal de référence, c’est le PIB: tout commence et tout s’achève avec le PIB, tout ce qui est un peu gros semble pouvoir lui être raisonnablement rapporté. Donc ce sera le ratio déficit sur PIB. Simple; élémentaire même, confirmerait un détective fameux. Avec du déficit sur PIB, on croit tout de suite voir quelque chose de clair.

Un critère douteux

Arrivé à ce point, un peu de réflexion s’impose.

On commencera par noter que le déficit est un solde; c’est à dire non pas une grandeur économique première, mais le résultat d’une opération entre deux grandeurs. Ce simple fait, trivial, emporte deux remarques. La première, c’est qu’un même déficit peut être obtenu par différence entre des masses dont l’ampleur est sans comparaison: 20 milliards sont aussi bien la différence entre 50 et 70 milliards qu’entre 150 et 170. Or, et c’est la deuxième remarque, on conviendra qu’il ne peut être tout à fait indifférent à la marche de l’économie que la masse des dépenses et recettes publiques soit d’une certaine ampleur (moins de 35% du PIB, comme aux USA ou au Japon) plutôt que d’une autre, bien plus grande (nettemment plus de 50% comme en France ou dans les pays scandinaves); sans même parler du contenu de chacune des masses: ce n’est pas la même chose d’aspirer un certain volume de recettes avec une TVA à 10% et un impôt sur le revenu montant jusqu’à 80%, qu’avec une TVA à 20% et un impôt sur le revenu de 30% au pire; ou bien encore d’aligner un même volume de dépenses, mais avec 5% de subventions d’investissement dans un cas ou 20% dans l’autre. On voit donc que s’intéresser au déficit en soi, à son montant seul, n’a qu’un sens relatif. Première observation.

La deuxième observation touche à la pertinence du ratio lui-même: ne divise-ton pas des choux par des carottes? Car un déficit n’est rien d’autre qu’une dette: il est le chiffre exact de ce qu’il faut, tout de suite, emprunter, c’est à dire, cigale, aller demander à d’autres; et donc de ce qu’il faudra épargner – au fil des années suivantes – pour rembourser ceux qui auront prêté. Autrement dit, afficher un pourcentage de déficit par rapport au PIB, c’est mettre en rapport le flux partitionné, échelonné des échéances à honorer dans les années futures avec la seule richesse produite en l’année origine. Il y a discordance des temps. Où l’on saisit que le seul critère pertinent est celui de la capacité de remboursement à horizon donné (qui est celui de l’emprunt); laquelle est elle-même fonction, non pas tant du déficit consenti une année donnée, que de la dette globale accumulée – cette année-là, mais aussi celles qui ont précédé et peut-être celles qui suivront – et de la prévision qu’en regard on peut faire des ressources futures, c’est à dire du couple croissance et rendement fiscal. Le reste n’est qu’affichage.

Dernière observation enfin, plus générale: on conçoit bien qu’un déficit n’a pas le même sens économique selon qu’il est purement ponctuel, rupture dans une série d’années à l’équilibre, laquelle sera réabsorbée en une à trois années par la réactivation même de l’économie que ce choc aura provoquée (keynésianisme pur); ou selon qu’à l’inverse il n’est que le morne jalon d’une longue chronique de déficits, courant les décennies, installés, devenus entière partie prenante, mode de fonctionnement même de l’économie, si usuels, si métabolisés, à elle si consubstantiels que c’est le retour à l’équilibre, la désaccoutumance, qui a un effet de choc (du keynésianisme à rebours en somme). Je rappelle qu’en 2010, la France en est à sa… 36ème année de déficit ininterrompu, et donc de dette couche à couche empilée, cumulée – 36 années, bien plus qu’un tiers de siècle -, et dont elle ne pourra mécaniquement se délester d’un coup: à vue humaine il est probable qu’au point où nous en sommes et où en sont les perspectives longues de notre économie, nous finirons par avoir stocké, dans la meilleure des hypothèses, de la dette pendant pas loin d’un demi-siècle, continûment, tenacement, c’est à dire sans avoir jamais commencé de seulement la rogner; laquelle, pour finir, soit sera remboursée (perspective vertueuse, ou bien enchanteresse), soit détruite (par inflation, ou restructuration comme on dit pudiquement), soit plus vraisemblablement aura été traitée par un mixte empirique des deux, c’est à dire fonction des rapports de force dans la partie à trois entre gouvernements, Banque Centrale et marchés.

Où l’on aura compris que fixer le projecteur sur le déficit d’une année donnée n’a guère de sens; et que le rapporter au PIB de cette même année lui en fait perdre un peu plus. Le ratio déficit sur PIB peut au mieux servir d’indication, de jauge: il situe un ordre de grandeur, il soupèse une ampleur, et fournit une idée – mais guère plus – immédiate, intuitive de la dérive. Mais en aucun cas il n’a titre à servir de boussole; il ne mesure rien: il n’est pas un critère. Seule a valeur une analyse raisonnée de la capacité de remboursement, c’est à dire une analyse de solvabilité: n’importe quel banquier (ou n’importe quel marché, ce qui revient au même) vous le dira.

Certes; mais la question politique – politique, et non économique – demeure: comment transmuter le plomb d’une analyse raisonnée de solvabilité en l’or apparent d’une règle sonore, frappante, qui puisse être un mot d’ordre? C’est, dans son prosaïsme, la question qui se pose à nous, et l’impossible auquel nous nous heurtons, en ce soir de juin 81.

Fabriquer une norme

Pressés, en mal d’idée, mais conscients du garant de sérieux qu’apporte l’exhibition du PIB et de l’emprise que sur tout esprit un peu, mais pas trop, frotté d’économie exerce sa présence, nous fabriquons donc le ratio élémentaire déficit sur PIB, objet bien rond, jolie chimère (au sens premier du mot), conscients tout de même de faire, assez couverts par le statut que nous confèrent nos études, un peu joujou avec notre boîte à outil. Mais nous n’avons pas mieux. Ce sera ce ratio. Reste à le flanquer d’un taux. C’est affaire d’une seconde. Nous regardons quelle est la plus récente prévision de PIB projetée par l’INSEE pour 1982. Nous faisons entrer dans notre calculette le spectre des 100 milliards de déficit qui bouge sur notre bureau pour le budget en préparation. Le rapport des deux n’est pas loin de donner 3%.

C’est bien, 3% ; ça n’a pas d’autre fondement que celui des circonstances, mais c’est bien. 1% serait maigre, et de toute façon insoutenable: on sait qu’on est déjà largement au delà, et qu’en éclats a volé magistralement ce seuil. 2% serait, en ces heures ardentes, inacceptablement contraignant, et donc vain; et puis, comment dire, on sent que ce chiffre, 2% du PIB, aurait quelque chose de plat, et presque de fabriqué. Tandis que trois est un chiffre solide; il a derrière lui d’illustres précédents (dont certains quon vénère). Surtout, sur la route des 100 milliards de francs de déficit, il marque la dernière frontière que nous sommes capables de concevoir (autre qu’en temps de guerre) à l’aune des déficits d’où nous venons et qui ont forgé notre horizon.

Nous remontons chez Bilger avec notre 3% du PIB, dont nous sommes heureux, sans aller jusqu’à en être fiers. Et lui faisant valoir que, vu l’heure (ça, on ne le lui dit pas) et foi d’économistes, c’est ce qu’actuellement nous avons de plus sérieux, de plus fondé en magasin. En tout cas de plus présentable. Puis nous rentrons chez nous, vaquer. On sait ce qu’il en est advenu.

L’envol du 3%

Le Franc très vite plonge. Il faut écoper le vaisseau. Mitterrand déleste le budget 1982, en cours de finition (on le présente en septembre), du déficit de 120 milliards où il se propulsait jusqu’à celui de 95 milliards qui sera annoncé, soit bien visiblement moins que le seuil symbolique – chiffon… rouge pour marchés en émoi – des 100 milliards de francs (nos 3% du PIB). Et c’est en août que Fabius, prince soyeux du verbe, pour la première fois dans toute l’histoire de la langue publique universelle (car nul encore nulle part, serait-ce à l’étranger, n’a jamais avancé ce ratio), réfère le déficit au PIB – pour le rendre bénin sans doute, et couvrir sa rudesse d’une gaze savante: car enfin, ces 2,6% du PIB qu’il cite aux journalistes sans s’y appesantir, presque comme en passant, comme une chose qui serait dans les moeurs, et du moins ne saurait inquiéter qui a fait des études et sait de quoi il parle, ces 2,6%, que pèsent-ils au fond, sinon le poids d’une pincée de PIB? – et non la centaine de milliards de francs que rajoutés aux autres il faudra un jour, avant la fin des temps, ou avant la faillite, par l’impôt rembourser.

Mais l’automne déjà, ses bourrasques; et le Franc balayé avec les premières feuilles: il faut dévaluer (dans la govlangue on dit « réajuster »), non sans avoir âprement négocié, négocié et plaidé, comme de juste, comme chaque fois, avec l’Allemagne – l’Allemagne au mark toujours trop fort, à l’inflation trop faible, à l’industrie trop fiable, l’Allemagne, ce modèle irritant et exténuant voisin qui construit sa confiance, interne et externe, comme ses machines-outils et comme ses berlines, sur le long terme, et sans désemparer, sans versatilité, unanime à ne pas tolérer que quiconque jamais y porte une ébréchure, tandis que nous changeons de pied, désunis, impatients et fragiles, plus inquiets d’affirmer une autorité que de faire autorité, plus sensibles à l’effet produit sur le théâtre de l’intelligence qu’à l’effort soutenu dans l’avancée commune.

Dans le combat des influences qui se joue cet automne, Delors reprend la main. Il ose parler de pause (un spectre hante la gauche, celui de Blum en février 37 demandant « une pause nécessaire dans la montée des finances publiques… »). Et il est le premier à faire expressément savoir que le déficit ne doit plus franchir les 3% du PIB, et cela pour l’ensemble des comptes publics (il sera bien le seul à être aussi strict, et précis, et complet). Fabius ne saurait lui abandonner cette paternité, qui est un empiètement et une dépossession. Et d’affirmer hautement, trois semaines plus tard: « Pour le budget, j’ai toujours posé comme règle que le déficit n’était acceptable qu’à condition de ne pas dépasser un montant raisonnable, de l’ordre de 3% du PIB ».

Ici, une station s’impose: ainsi viennent de naître, et, pire, d’infiltrer les esprits comme un contaminant, les notions de « déficit acceptable » et de « montant raisonnable »: tomber en très lourd déficit, cela ne s’analyse qu’en référence à l’année dont on parle et non au parcours d’endettement sur lequel on s’inscrit, et, ainsi myopement circonscrit, ce n’est plus un défaut de ressources qu’il faudra, au plus vite, remonter, c’est un acte par nature conforme à la raison, aux Lumières pour un peu, mais à la condition, bien entendu, car on est aussi l’ennemi pondéré de tout ce qui est excès, qu’on ne rajoute guère à tout ce qu’on doit déjà que, bah, bon an mal an, une centaine de milliards – acceptable, raisonnable… superbes déplacements du sens: ou ce que la langue assouplie à l’ENA fait de la rhétorique d’Ulm.

Dès lors dans les déclarations – Fabius, Delors, Mauroy – le 3% du PIB revient comme une antienne. Il est le phare qui balise la route (quand il n’est guère que le quinquet qui suit la descente à la dette). Tandis que les attaques contre le Franc reprennent de plus belle, et que la préparation du budget 83, sous la pression énervée des ministres, livre des premiers scénarios assez époustouflants (à son plus haut le décompte produit un déficit de 210 milliards de francs), le 3% du PIB, désormais bien en selle, devient le marqueur proclamé, martelé, d’une « politique maîtrisée des finances publiques » – en somme, on peut dévaler la pente de l’endettement sur un cheval qu’on cravache, mais à la condition, raisonnable, qu’il ne s’emballe pas. Le petit calcul discutable, mais malin, et tout de circonstance que nous avons commis un soir d’il y a quelques mois est maintenant devenu une norme publique, qui vaut principe, affiché, assumé, presque revendiqué, pour la conduite du gouvernement. Assurément, un succès assez rare.

Ce calcul, ce principe, il lui reste à recevoir encore, par les voies les plus solennelles, l’onction du Président. C’est chose faite le 9 juin 1982 (après qu’on a durant tout le printemps, venus de l’Elysée, trouvé dans les journaux les mots « directive donnée de 3% du PIB », « consigne impérative de 3% du PIB »); lors de sa seconde conférence de presse du septennat, le Président dans son intervention liminaire déclare: « Le déficit est d’environ 3% et il ne faut pas qu’il dépasse ce pourcentage appliqué au produit intérieur brut. J’attends du gouvernement qu’il respecte – je n’ai pas lieu d’en douter sachant l’engagement du gouvernement tout entier – ce plafond de 3% et pas davantage. » (… sachant l’engagement du gouvernement tout entier : on imagine qu’un ange – armé d’un coupe-coupe budgétaire -, fors Delors, sur les ministres passe).

Le processus d’acculturation est maintenant achevé; on a réussi à déporter le curseur: ce qui est raisonnable, ce n’est pas de voir dans le déficit un accident, peut-être nécessaire, mais qu’il faut corriger sans délai comme on soigne une blessure; non, ce qui est décrété raisonnable c’est d’ajouter chaque année à la dette seulement une centaine de milliards (en francs 1982). C’est cela, désormais, qu’on appelle « maîtrise »: en dessous de 3% du PIB, dors tranquille citoyen, la dette se dilate, mais il ne se passe rien – quand le sage montre la lune, l’imbécile regarde le doigt, dit le proverbe chinois; quand le sage montre l’endettement, l’incompétent diplômé regarde le 3% du PIB.

Extension du domaine du ratio

Puis un jour le traité de Maastricht parut sur le métier. Ce 3%, on l’avait sous la main, c’est une commodité; en France on en usait, pensez! chiffre d’expert ! Il passe donc à l’Europe; et de là, pour un peu, il s’étendrait au monde.

Sans aucun contenu, et fruit des circonstances, d’un calcul à la demande monté faute de mieux un soir dans un bureau, le voilà paradigme: sur lui on ne s’interroge plus, il tombe sous le sens (à vrai dire très en dessous), c’est un critère vrai. Construction contingente du discours, autorité de la parole savante, l’évidence comme leurre ou le bocal de verre (celui dans lequel on s’agite, et parade, sans en voir les parois): Michel Foucault aurait adoré.

Parfois lorsque j’entends, repris comme un mantra, le 3% du PIB, je m’amuse de ce trois que nous avons choisi. Me revient le souvenir du numero deus impare gaudet – le nombre impair plaît à la divinité – qu’on trouve dans Virgile. Et la traduction qu’en donne Gide dans Paludes: le nombre deux se réjouit d’être impair. Et il a bien raison, ajoute Gide.

Le 3% du PIB se réjouit d’être critère… Et il a bien raison.

Dossier : BILAN 2010. L’âge d’or des matières premières

L’année 2010 aura été l’année de tous les records sur les marchés des matières premières. Vedette incontestée, l’or n’a jamais été aussi haut. Le pétrole file de nouveau vers les 100 dollars le baril. Quant aux produits agricoles, certains ont atteint des records historiques. Leur volatilité a incité la présidence française du G20 à faire de la régulation de ces marchés une de ses priorités.

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L’OR, DIX ANS DE HAUSSE ININTERROMPUE

Bijouterie à Los Angeles

Bijouterie à Los Angeles

«L’or ne fait rien d’autre que de vous regarder droit dans les yeux et vous coûter des frais», avait asséné Warren Buffett. La performance du métal jaune sur l’année -+26 % -ne lui donne pas raison. En 2010, la dixième année de hausse consécutive, l’or a battu un record historique, à 1.422,70 dollars l’once le 9 novembre. En euros et en livres, aussi, il a battu un plus haut historique. En yen, le métal précieux a retrouvé son niveau de 1983.

Depuis la faillite de Lehman Brothers en 2008 et les craintes d’explosion du système financier mondial, les investisseurs voient dans l’or le meilleur moyen pour parer à toute éventualité en cas de risque extrême. Dans tous les cas, que les marchés s’inquiètent d’un éventuel retour de l’inflation aux Etats-Unis ou qu’ils redoutent une nouvelle récession après la crise des dettes souveraines européennes, l’or en profite.

L’absence de vendeur structurel -le Fonds monétaire international (FMI) a étalé ses ventes sur une longue période pour éviter tout soubresaut -constitue un fort soutien au mouvement haussier. Ce phénomène est d’autant plus exacerbé que les banques centrales des pays émergents, essentiellement dans la zone asiatique, à forts excédents commerciaux et soucieuses de diversifier leurs réserves de change au-delà du dollar, sont devenues acheteuses d’or depuis septembre 2009.

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L’ARGENT AU PLUS HAUT DEPUIS 30 ANS

Voiture de collection peinte d’argent

Voiture de collection peinte d\'argent

L’once d’argent s’est envolée au cours des derniers mois de 2010. Plus volatil et plus spéculatif que son grand frère, «l’or du pauvre» a commencé à grimper plus tard mais, au final, sa performance est supérieure. Depuis le début de l’année, il a ainsi monté de plus de 75%.

C’est beaucoup mais, dans le même temps, certains opérateurs sont persuadés que le métal blanc aurait pu s’apprécier davantage. Bart Chilton, l’un des cinq commissaires à la Commodity Futures Trading Commission (CFTC), l’organe de régulation américain des marchés à terme des matières premières, en est convaincu : «Je crois qu’il y a eu des tentatives répétées d’influencer les cours sur les marchés de l’argent.»

La manipulation s’expliquerait par une concentration excessive de gros intervenants sur le marché, qui auraient parié des sommes gigantesques sur la baisse des cours. JPMorgan Chase pourrait être impliqué dans la fraude.

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LE CUIVRE NE S’OXYDE PAS

Tiges de cuivre chez Phelps Dodge

Tiges de cuivre chez Phelps Dodge

Quand le cuivre va, tout va ? Troisième métal le plus utilisé au monde, présent partout, dans le bâtiment comme dans les produits électroniques ou les équipements industriels, le métal rouge est considéré par les économistes comme l’un des principaux indicateurs avancés de la conjoncture.

Cette année, le cuivre a progressé de plus de 25%. Le 21 décembre, en séance, son cours a franchi un plus haut historique à 9.392 dollars par tonne.

Son prix est extrêmement lié à la demande qui s’avère excédentaire. Au cours de l’année, les spécialistes ont révisé leurs estimations de déficit. Le cabinet Brook Hunt, qui s’attendait en juillet à un équilibre sur l’année 2010, anticipe désormais que la demande en cuivre excédera l’offre de 280.000 tonnes. A l’origine de cette demande, la Chine, qui consomme un peu moins de 40% du cuivre. La mise sur le marché des premiers ETC (Exchange Traded Commodities, ces fonds côtés en continu) adossés au métal physique a également créé une tension importante sur l’offre.

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LE BARIL DE PÉTROLE EN ROUTE VERS 100 DOLLARS

L’oléoduc Druzhba en Biélorussie

L\'oléoduc Druzhba en Biélorussie

Après avoir évolué dans une fourchette de 70 à 80 dollars depuis l’automne 2009, les prix du pétrole sont en train de renouer avec une certaine volatilité. Les cours du baril ont ainsi franchi le cap des 80 dollars à l’automne 2010, avant de s’installer au-dessus des 90 dollars à Londres et de frôler ce seuil à New-York. Dans ce contexte, les analystes de Goldman Sachs, Morgan Stanley, Bank of America ou Merrill Lynch tablent tous sur un baril à 100 dollars en 2011. Un seuil jamais atteint depuis le début d’octobre 2008.

Cette hausse a un impact sur le discours des uns et des autres. Le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Naimi, considère désormais qu’une fourchette de prix de 70 à 90 dollars est satisfaisante pour les consommateurs, alors qu’il n’évoquait jusqu’à présent qu’un écart de 70 à 80 dollars. «Le marché s’habitue doucement mais sûrement à l’idée d’une plus grande volatilité et d’une fourchette de prix de 70 à 90 dollars», estime Barclays Capital dans une note de recherche.

Pour l’Opep, la hausse des cours est essentiellement liée à l’influence des indicateurs macroéconomiques (affaiblissement du dollar, état de santé des marchés boursiers…). Pas question, dans ce contexte, de revoir l’objectif de production. Laissé inchangé depuis décembre 2008, celui-ci s’élève à 24,8 millions de barils par jour. «L’Opep ne bougera pas si le baril de pétrole atteint les 100 dollars sous l’effet de la spéculation», martèle le secrétaire général de l’Organisation, Abdallah el-Badri.

D’autres facteurs pèsent néanmoins. Le marché pétrolier bénéficie d’une forte demande en Asie. Selon le cabinet d’études Wood Mackenzie, la consommation de gazole et d’essence croît à un rythme de 8% par an en Chine. Début décembre, l’Agence internationale de l’énergie (AIE) a réévalué, pour la troisième fois d’affilée, sa prévision de la demande de pétrole pour 2011. L’AIE, qui représente les intérêts des pays industrialisés, a hissé son estimation de 260.000 barils par jour, en raison d’une nette hausse de la consommation en Amérique du Nord et en Asie. L’agence table désormais sur une croissance de la demande mondiale de 1,5% en 2011, à 88,8 millions de barils par jour, après un bond de 2,9% en 2010.

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COUP DE CHAUD SUR LE BLÉ

Baguettes sur un marché new-yorkais

Baguettes sur un marché new-yorkais

Après la flambée des cours à l’été 2010 causé par l’embargo russe, le prix du blé a connu un nouvel accès de fièvre début décembre, les marchés s’inquiétant désormais d’une dégradation des conditions de culture en Australie et aux Etats-Unis.

A Chicago comme à Paris, les cours du blé ont ainsi atteint le 6 décembre leur plus haut niveau en quatre mois. Après quelques mois de relative accalmie après la sécheresse en Russie -les prix étaient montés à plus de 8 dollars le boisseau de 27 kilos -, les marchés se sont affolés de nouveau. A l’origine de ces craintes : la Nina. Ce phénomène climatique récurrent, qui fait osciller la température de l’océan Pacifique, entraîne souvent de fortes pluies en Asie du Sud et en Australie, ainsi que des épisodes de sécheresse en Amérique du Sud. Des pluies diluviennes ont perturbé ces derniers temps la récolte de blé de l’Est australien, une région très exportatrice sur laquelle plusieurs pays comptaient après les déboires des pays de la mer Noire.

Aux Etats-Unis, le département de l’Agriculture (USDA) estime qu’à ce jour, 47% des blés d’hiver semés à l’automne sont «bons» à «excellents», contre 63% il y a un an, un plus bas depuis 20 ans.

L’été dernier, des observateurs se prenaient à prédire le retour d’un scénario semblable à 2007, quand, en raison d’une grave crise globale de l’offre de céréales, les prix avaient doublé entre février de cette année-là et le même mois de 2008, pour dépasser les 10 dollars le boisseau. Or, entre les doutes sur la reprise et les stocks de départ, le contexte est très différent.

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LE COTON A PLUS QUE DOUBLÉ EN UN AN

Plantation de coton en Chine

Plantation de coton en Chine

Les prix du coton ont de nouveau beaucoup progressé à New York, touchant des records, alors que le marché reste préoccupé par la faiblesse de l’offre comparé à une demande toujours aussi forte.

Mardi 21 décembre, sur le marché à terme de Chicago, le coton pour livraison en mars a franchi un plus haut historique, à 159 cents la livre. Son prix a plus que doublé depuis janvier, soit la plus forte hausse depuis 1973.

L’offre est particulièrement sous tension. Le gouvernement indien «continue de réfléchir à la possibilité d’accorder plus de temps aux exportateurs pour vendre leur quota de 5,5 millions de balles de 170 kilogrammes de coton chacune au delà de la date limite» qui était fixée au 15 décembre, ont rapporté les analystes de Barclays Capital. Les opérateurs espéraient que le gouvernement indien se montrerait plus souple, alors qu’il a autorisé l’exportation de davantage de sucre.

Le coton chinois connaît à son tour la pénurie. Les inondations de cet été en Asie ont compromis sérieusement la récolte 2009-2010. La production du Pakistan, quatrième producteur mondial, a baissé de 18% cette année. En Chine, premier producteur mondial, le recul a été de 5,4%.

Avec un prix d’achat en hausse de 30%, les grossistes sont obligés de le répercuter sur les prix de vente sur les acteurs de l’industrie textile.

La pénurie sur le marché du coton n’a rien de conjoncturel. Peu élevés, ces dernières années, les prix du coton n’ont pas encouragé les agriculteurs à privilégier cette plantation sur les terres arables. Par conséquent, les stocks sont à leur plus bas niveau depuis quatorze ans.

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LE CAOUTCHOUC AU PLUS HAUT DE SON HISTOIRE

Chaussures Crocs en caoutchouc

Chaussures Crocs en caoutchouc

Faute d’une récolte suffisante, le caoutchouc a pulvérisé ses records. Au Tocom, le marché à terme des matières premières de Tokyo, le contrat pour livraison avril 2011 s’est traité à de 411,4 yens par kilogramme le 22 décembre. Depuis le début de l’année, son prix a augmenté de 60%.

Si les marchés financiers mettent la gomme sur le latex, c’est que les conditions météorologiques ont été mauvaises dans la zone asiatique, d’où provient 95% de la production mondiale. Les principaux producteurs (Thaïlande, Indonésie, Malaisie) ont été victimes ces derniers mois de cyclones et de pluies torrentielles.

Estimée à 9,5 millions de tonnes, la production de caoutchouc naturel devrait ressortir inférieure de près d’un million à la demande. Cette dernière n’a par ailleurs jamais été aussi forte de la part de la Chine et de l’Inde pour leur production automobile, principal débouché. La Chine devrait procéder à des importations record de 1,7 million de tonnes. De son côté, l’Inde, pourtant quatrième producteur, n’arrive plus à fournir ses propres usines de pneus.

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LE PRIX DU SUCRE EST SALÉ

Canne à sucre au Brésil

Canne à sucre au Brésil

La hausse des cours du sucre s’est amplifiée depuis octobre 2010. Le cours moyen du sucre roux est passé de 23 cents par livre en septembre 2010 à 33,65 cents le 21 décembre, un plus haut depuis trente ans.

Ses fondamentaux ne cessent d’être mis sous pression par les conditions météorologiques. Après une récolte mitigée au Brésil, premier producteur et exportateur pour cause de sécheresse, la récolte indienne a subi des avaries. L’Etat du Maharashtra devrait récolter un tiers de cannes en moins après les pluies diluviennes constatées depuis octobre. Si la pluie ne détruit pas les cannes, elle retarde la récolte, alors même que la situation est déjà tendue sur le marché physique depuis de longs mois.

En Australie, troisième exportateur, l’offre risque d’être inférieure aux attentes  : le rendement de la canne à sucre -qui en est à sa quatrième récolte -sera sans doute inférieur aux années précédentes.

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LE CACAO AU COEUR DE LA SPÉCULATION

Cacao de Côte d’Ivoire

Cacao de Côte d\'Ivoire

C’est un des rares marchés agricoles sans tension sur l’offre. A priori. La campagne 2010-2011, qui a démarré en octobre, s’annonce exceptionnelle, même si elle a pris un peu de retard après de fortes pluies au début.

La production de la Côte d’Ivoire devrait avoisiner 1.350 millions de tonnes, contre 1.242 millions l’an dernier. Au Ghana, deuxième producteur et pays voisin, la récolte devrait aussi être abondante, tout comme en Indonésie.

Sauf qu’à force, la situation politique en Côte d’Ivoire étant bloquée depuis mi-novembre, si les fèves ne peuvent sortir du pays, les prix pourraient bien renouer avec leurs plus hauts de cet été (2.348 livres la tonne), quand le «hedge fund» britannique Armajaro avait tenté de faire main basse sur la boisson des dieux en achetant 7% du marché pour l’assécher.

Plus de 50 000 foyers appartenant aux 10% les plus riches de France seraient logés dans le parc HLM, alors qu’1,2 million de ménages pauvres ou modestes attendent toujours un logement social.

Selon La Tribune publiée lundi, une étude de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) révèle que 53 000 ménages parmi les 10% des foyers les plus riches de France bénéficiaient d’un logement social fin 2007. « Il est à craindre que la situation n’ait pas évolué », estime le quotidien économique. 37 000 ménages seraient concernés en Ile-de-France. A Paris, 31,4% des locataires du parc social compteraient parmi les 30% des ménages les plus riches. Ces foyers disposeraient d’au moins 11 200 euros par mois avec un seul enfant et 13 500 avec deux enfants.

Contactée par l’Expansion.com lundi soir, l’Union sociale pour l’habitat (USH) conteste toutefois ces chiffres. « Les familles logées en HLM qui disposent de 11 000 à 13 000 euros mensuels sont autour de 4000 seulement selon les chiffres de l’Insee », assure Pierre Quercy, son délégué général.

Lire sur le sujet: « Riches en HLM: questions sur une polémique »

Situation ancienne

Interrogé par La Tribune, le président de l’USH, Thierry Repentin, explique la présence de ménages aisés en HLM par « une situation ancienne » : ces ménages ont pu intégrer les HLM à un moment où leurs revenus étaient moins élevés, et la loi prévoit de maintenir les bénéficiaires dans le logement social. Les pouvoirs publics encouragent le maintien de foyers qui dépassent les plafonds de ressources pour créer une mixité sociale. Quand leurs revenus dépassent de 20% les plafonds de revenus, ils sont tenus de payer un sur-loyer mais quittent rarement le parc social pour autant. 1,2 million de ménages pauvres ou modestes sont toujours sur liste d’attente pour l’obtention d’un logement social.

Source : http://www.lexpansion.com/patrimoine/53-000-menages-fortunes-loges-en-hlm_243695.html

Riches en HLM: questions sur une polémique

Par Alexia Eychenne publié le 29/11/2010 à 19:26

Des milliers de familles aux revenus très confortables occuperaient des logements sociaux en France. Un phénomène qui frappe l’opinion mais que les bailleurs minimisent. Décryptage.

31088_paris-immobilier-toits-ville 53 000 ménages fortunés logés en HLM ?

REUTERS/Kevin Coombs
Combien de ménages aisés sont concernés ?S’appuyant sur une étude de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes), La Tribune révèle que 53 000 foyers logés en HLM disposeraient d’un revenu de plus de 11 200 euros par mois (pour un couple avec un enfant) ou 13 500 euros (pour quatre personnes). Mais l’Union sociale pour l’habitat conteste ces chiffres. « Les familles logées en HLM qui disposent de 11 000 à 13 000 euros mensuels sont autour de 4000 seulement selon les chiffres de l’Insee », assure Pierre Quercy, son délégué général. Difficile donc de mesurer l’ampleur du phénomène, mais la situation a de quoi indigner, alors qu’1,2 million de demandes de HLM sont toujours en attente.

Comment ont-ils obtenu un logement social?Pour habiter dans le parc social, un ménage ne doit pas dépasser un certain seuil de revenus, variable selon les régions et la composition des familles. Pour trois personnes à Paris, le plafond tourne autour de 47 000 euros, pour la catégorie de droit commun du logement social. Soit les revenus des locataires aisés ont considérablement augmenté ces dernières années, soit ils ont obtenu un HLM avec des plafonds déjà supérieurs. « Beaucoup de ménages sont entrés dans le parc social avec des logements PLS ou PLI [ndlr: destinés aux classes moyennes] dont les plafonds de ressources étaient déjà supérieurs à ceux des HLM « classiques », explique Didier Vanoni, directeur du bureau d’études Fors-Recherche sociale, spécialisé dans les questions d’habitat. Pendant longtemps, il suffisait de fournir un justificatif d’imposition à l’année n-2. Un stagiaire ou un étudiant devenu salarié, un fonctionnaire qui évoluait dans le privé, pouvait alors garder sa place avec des revenus nettement supérieurs aux seuils d’entrée. » Or jusqu’à récemment, les locataires de HLM pouvaient garder leur logement quels que soient leurs revenus, à condition de s’acquitter d’un sur-loyer.

Un phénomène marginal ?« Quelques HLM habités par des ménages aisés rue de Seine, dans un quartier chic de Paris, ça existe », reconnaît Thierry Saniez, délégué général de la CLCV. Mais pour l’association de consommateurs, le phénomène reste marginal au regard de la situation du logement social français. « Il y a une volonté des pouvoirs publics de pointer ces cas-là pour détricoter tout le système, pour que l’opinion ait l’impression que les locataires de HLM sont des gens aisés qui ont trouvé un bon plan pour se loger à peu de frais », tempête Thierry Saniez. Or « ces foyers fortunés constituent le stock du parc, ceux qui ne bougent pas ou laissent leurs appartements à des membres de leur famille, explique Didier Vanoni. On doit garder à l’esprit que 35 à 40% des attributions de HLM concernent aujourd’hui des personnes qui touchent entre 600 et 700 euros par mois. »

Faut-il continuer à augmenter les loyers ?Pour éviter les abus et dissuader les ménages aisés d’occuper les logements dont les familles modestes ont besoin, les pouvoirs publics augmentent régulièrement les surloyers, ou « loyers de solidarité », payés par les locataires des HLM qui dépassent de plus de 20% les plafonds de ressources. « Ca a réellement eu un effet dissuasif. En Ile-de-France notamment, on a vu des cas où des locataires payaient des surloyers tellement élevés que les loyers dépassaient les prix du marché », assure Laure Bourgoin, chargée de mission logement à la CLCV. La loi Boutin votée en 2009 prévoit maintenant que la somme du loyer et du surloyer ne pourra dépasser 25 % des revenus, ni le niveau des loyers du privé. Mais la solution ne satisfait pas pour autant les acteurs du logement social. « Il y a un risque d’effet de seuil, prévient Didier Vanoni. On risque de faire s’évaporer ou d’appauvrir les classes moyennes, des ménages dont on pense qu’ils créent de la mixité sociale. Le cap à franchir pour payer un loyer dans le privé est d’ailleurs tel que beaucoup préfèrent payer un surloyer. »

… ou retirer les HLM aux riches ?Ce n’est pas la première fois que ressurgit le scandale des « HLM pour riches ». Mais les bailleurs font peu d’efforts pour inciter les ménages aisés à quitter les lieux, et ce pour deux raisons principales. La nécessité de garantir les recettes, d’abord : les foyers les plus riches sont ceux qui payent les loyers les plus élevées. Deuxième raison, le souci de la mixité sociale. « La paupérisation du parc HLM conduit à la création de ghettos », prévient Thierry Saniez, de la CLCV. Pourtant les familles aisées accaparent souvent les appartements les mieux situés et les plus confortables. Peu d’entre eux continuent à vivre dans des zones défavorisées quand ils touchent plus de 10 000 euros par mois… A l’inverse, « les ménages à bas revenus habitent plus souvent que les autres dans les immeubles les plus anciens du parc social » et sont « plus souvent touchés par le surpeuplement », estiment plusieurs enquêtes successives de l’Insee. Pour éviter les abus, le gouvernement a déjà pris des mesures. La loi Boutin prévoit que les locataires dont les revenus sont deux fois supérieurs aux plafonds devront quitter leur appartement. Mais il est encore trop tôt pour en mesurer les effets.

- Le parc HLM français compte 4 millions de logements, dont près d’un tiers construit après 1985, et accueille 10 millions d’habitants

– 1,2 million de demandes de logements sont en attente, dont 550.000 émanent de personnes déjà locataires

– 65% des ménages français peuvent prétendre à un logement social

– 50% du parc est concentré en Ile-de-France, Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d’Azur

– 19% des ménages sont des familles monoparentales -contre 7% dans l’ensemble du pays-, 10% sont de nationalité étrangère -contre 5% pour l’ensemble de la population vivant en France

http://www.lexpansion.com/economie/riches-en-hlm-questions-sur-une-polemique_243739.html

En se plongeant dans les statistiques de l’organisme de sondage Gallup, portant sur 450 000 Américains, deux chercheurs ont découvert le revenu à partir duquel l’argent ne faisait plus trop le bonheur : 75 000 dollars par an et par ménage (55 000 euros). En deçà, les sondés ne sont pas satisfaits ; au-delà, leur bonne humeur plafonne.

L’étude, publiée dans la revue Proceeding of the National academy of sciences, a été conduite par un psychologue et un économiste : Daniel Kahneman et Angus Deaton, de l’université de Princeton. Les deux hommes ont distingué deux mesures possibles du bien-être :

  • Une mesure subjective : « Etes-vous satisfait de votre vie ces jours-ci ? »
  • Une mesure objective : la fréquence et l’intensité des moments de joie,
    stress, tendresse, colère, etc, notées pendant une journée.

Les résultats de leurs recherches sont très différents selon ces deux mesures. L’impression d’être heureux continue de croître après 75 000 dollars de revenus. En revanche, la mesure concrète du bien-être atteint un plafond à partir de 75 000 euros.

Sur le graphique ci-dessous, deux courbes. La première, « bien-être quotidien », représente les déclarations des sondés sur ce qu’ils vivent (différence entre les réponses évoquant joie, sourire, bonheur et celles évoquant tristesse, inquiétude…). La seconde, « impression de bonheur », représente les réponses à la question « Etes-vous satisfait de votre vie ces jours-ci ? » (Voir le graphique)

D'après Daniel Kahneman et Angus Deaton

Commentaire des deux chercheurs :

« Il est possible que 75 000 dollars soit un seuil au-delà duquel de nouveaux accroissements du revenu n’aident plus les individus à faire ce qui correspond le mieux à leur bien-être ressenti : passer du temps avec les gens qu’ils aiment, éviter les souffrances et les maladies, et avoir des loisirs. »

Ce n’est pas la première fois que des économistes se penchent sur ce « chiffre magique », seuil à partir duquel nos besoins seraient satisfaits. Il est même au cœur des préoccupations de la science économique. Elle intéresse particulièrement ceux qui remettent en cause le caractère illimité de la croissance. Dans un monde fini, la consommation doit avoir des limites.

Ce que l’on constate -quoiqu’en dise la sagesse des nations- c’est que l’argent fait le bonheur. Les riches, eh oui ! sont plus heureux que les pauvres.

A ce stade, on peut citer deux grands auteurs qui résument tout :

  • Fedor Dostoïevski (1821-1881) : « La monnaie, c’est de la liberté frappée. »
  • Michel Colucci, dit Coluche (1944-1986) : « L’argent ne fait pas le bonheur des pauvres. »

L’envie du « mieux » et l’envie de surpasser le voisin

Les économistes constatent que le lien entre le revenu et bonheur est largement relatif. Si vous gagnez 25 000 euros par an, vous jugerez nécessaire de gagner 35 000 euros pour être heureux ; mais si votre revenu atteint ces 35 000 euros, votre revenu idéal passera à 50 000 euros… Le sentiment de satisfaction vient en réalité de l’élévation constante de votre pouvoir d’achat.

« Pourquoi cherche-t-on à augmenter ses revenus ? Deux hypothèses : un, les humains aiment l’idée même de croissance de leur revenu et de leur consommation, une poursuite qui agit comme une drogue ; deux, ils cherchent à gagner plus que leur voisin », résume l’économiste Daniel Cohen, qui a consacré une partie de son dernier livre, « La Prospérité du vice », au sujet.

La poursuite addictive du « mieux », d’une part ; la rivalité mimétique chère à René Girard, d’autre part…

Une autre courbe du bonheur

Tim Jackson, économiste britannique qui prêche la « prospérité sans croissance », a consacré un chapitre de son livre au sujet. Il publie un graphique éloquent (voir ci-dessous) qui semble confirmer, à l’échelle de la planète, qu’il existe un « plafond » au revenu-déclencheur-de-bonheur. Au-dessus de 15 000 dollars par habitant, le niveau de satisfaction ne réagit plus. On ne se sent pas plus heureux aux Etats-Unis qu’à Porto Rico.

Pour lire le graphique :

  • plus le pays est à droite, plus ses habitants sont riches (aucune allusion politique là-dedans) ;
  • plus le pays est en haut, plus il est heureux (peuplé de gens se déclarant « satisfaits dans la vie en général »). (Voir le graphique)

Source Worldwatch/Tim Jackson

La conclusion à tirer de tout cela ? Si le but de l’économie est d’accroître le bonheur sur la planète, il est bien plus efficace d’augmenter le revenu des pauvres que celui des riches.

Source : http://www.rue89.com/2010/10/11/largent-fait-le-bonheur-mais-a-partir-de-combien-deuros-170520

Les Etats-Unis, pays le plus riche mais pas le plus heureux

08/07/2010

La statue de la petite sirène, à l'entrée du port de Copenhague au Danemark. Crédits photo : DR.
La statue de la petite sirène, à l’entrée du port de Copenhague au Danemark. Crédits photo : DR.

Les Danois et les Néo-Zélandais sont en tête du classement des citoyens «les plus heureux» du monde, selon l’institut Gallup.

coeur- Largent fait le bonheur. Mais à partir de combien deuros ?L’argent ne fait pas le bonheur, dit-on souvent. L’institut Gallup a réalisé une étude mondiale dont les résultats semblent confirmer l’adage. D’après cette étude, publiée dans la revue américaine Journal of Personality and Social Psychology et dont les conclusions sont dévoilées par le Christian Science Monitor, les Etats-Unis sont peut-être le pays le plus riche du monde, mais ils sont loin d’être le plus heureux.

Cette étude mondiale a été menée auprès de 136.000 personnes dans 132 pays différents, entre 2005 et 2006. Son postulat de départ : il existe deux définitions du bonheur. D’un côté, le bonheur lié à un sentiment de bien-être général. De l’autre, celui que l’on tire de moments spécifiques de joie. Si la première définition dépend largement des revenus personnels et de la richesse de l’Etat dans lequel on vit, la seconde répond plutôt à la façon dont les besoins psychologiques et sociaux de chacun sont comblés, expliquent les chercheurs de Gallup.

Pourtant dotés d’un des plus grands PIB par habitant du monde (46.400 dollars, selon la CIA), les Etats-Unis n’arrivent qu’en 16e position du classement établi par Gallup en ce qui concerne le bien-être général, et seulement en 26e position sur 132 en termes d’instants de satisfaction. Les Américains se font voler la vedette par les Danois, qui sont les plus heureux d’un point de vue général, et par les Néo-Zélandais, qui sont les champions des moments de joie. Loin des Etats-Unis, le Danemark est 31e mondial en termes de PIB par habitant (36.000 dollars en 2009) et la Nouvelle-Zélande est 51e (à 27.300 dollars), selon les données de la CIA.

L’importance des relations sociales

«S’il est vrai que s’enrichir procure un sentiment de satisfaction général sur sa vie, cela n’a peut-être pas un impact aussi grand qu’on l’imagine sur la façon dont on en apprécie chaque moment», résume Ed Diener, chercheur à l’Université d’Illinois et au sein de l’institut Gallup. Le chercheur insiste sur l’importance de la «qualité des relations sociales» dans la vie de chacun. Il cite, par exemple, le Costa Rica qui, malgré des niveaux de revenus inférieurs à ceux de la Corée du Sud, aurait une population plus heureuse.

Une question qui a également fait son chemin en France. Afin de déterminer les limites du PIB en tant qu’indicateur du progrès social, le président Nicolas Sarkozy a mandaté en 2008 une commission présidée par le professeur Joseph Stiglitz, le prix Nobel d’économie. Son rapport, remis fin 2009, estime qu’il existe souvent «un écart prononcé entre, d’une part, les mesures habituelles des grandes variables socio-économiques comme la croissance, l’inflation, le chômage, etc., et, d’autre part, les perceptions largement répandues de ces réalités». La commission remet également en cause «la pertinence de ces données en tant qu’outils de mesure du bien-être sociétal».

L’adage a des limites

Ainsi, l’Europe du nord et les pays anglo-saxons ont beau se situer en haut de l’échelle économique mondiale, ces régions n’ont rien à envier à l’Amérique latine, qui est relativement bien positionnée dans les classements de Gallup. Ce raisonnement a pourtant des limites. «Beaucoup voire la plupart des gens désirent et courent après l’argent durant la majeure partie de leurs journées», admettent en effet les auteurs de l’étude. Sans surprise, les pays d’Afrique les plus pauvres arrivent en queue de peloton, et ce, dans les deux classements du bonheur !

Source : http://www.lefigaro.fr/conso/2010/07/07/05007-20100707ARTFIG00530-les-etats-unis-le-pays-le-plus-riche-mais-pas-le-plus-heureux.php

http://www.csmonitor.com/Science/2010/0701/The-US-may-be-the-richest-nation-but-it-s-not-the-happiest

L’argent fait le bonheur… jusqu’à 4900 euros par mois

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Par Sophie Amsili
07/09/2010 | Mise à jour : 15:49
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Crédits photo : alancleaver_2000
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Gagner plus rendrait plus heureux, selon une étude menée par deux économistes américains. Mais ce n’est plus vrai au-delà d’un seuil qu’ils fixent à 75.000 dollars par an, soit 4900 euros par mois.

coeur- Largent fait le bonheur. Mais à partir de combien deuros ?La très sérieuse revue américaine Proceedings of the National Academy of Sciences vient de publier une étude qui dément en partie le proverbe selon lequel l’argent ne fait pas le bonheur. Réalisée par Daniel Kahneman, Prix Nobel d’Economie en 2002, et son collègue de l’université de Princeton, Angus Deaton, l’étude porte sur le bien-être de 450.000 Américains interrogés en 2008 et en 2009 pour l’indice Gallup-Healthways.

Les auteurs en viennent à la conclusion que l’argent fait bien le bonheur… mais jusqu’à un certain point. Le seuil est défini à 75.000 dollars par an (environ 58.600 euros), soit près de 4900 euros par mois, sans que l’étude ne distingue le nombre de personnes qui composent le foyer. Si, comme 10% des Américains, votre revenu est supérieur à cette somme, inutile de vous évertuer à gagner plus et donc, inutile pour l’Etat de chercher à vous donner plus. D’après les deux économistes, vous n’en serez pas plus heureux.

L’impression d’avoir réussi sa vie

«Au-delà de 75.000 dollars dans les Etats-Unis contemporains (…), une augmentation du revenu n’amène ni à ressentir du bonheur ni à être soulagé du malheur ou du stress, même si cette hausse des revenus continue à améliorer l’évaluation que les individus font de leur vie», écrivent les deux économistes. Autrement dit, gagner toujours plus d’argent renforce le sentiment d’avoir réussi sa vie mais ne rend pas nécessairement plus heureux.

«Peut-être que 75.000 dollars est un seuil au-delà duquel des hausses de revenus n’améliorent plus la capacité des individus à faire ce qui compte le plus pour leur bien-être émotionnel, comme de passer du temps avec ceux qui leur sont chers, éviter la douleur et la maladie, et profiter de leurs loisirs», ont encore avancé les auteurs.

Pour tous les autres, soit la vaste majorité de la population dont le revenu ne dépasse pas ce seuil, leur bien-être émotionnel est bridé par leurs préoccupations financières. A plus forte raison, la pauvreté fait le malheur: «la faiblesse des revenus exacerbe la douleur émotionnelle qui accompagne des malheurs comme le divorce, ou le fait d’être en mauvaise santé ou seul», écrivent Daniel Kahneman et Angus Deaton.

Rassurants, les auteurs ajoutent tout de même dans un entretien : «comme les autres études sur le bien-être, nous avons constaté que la plupart des gens sont plutôt heureux et satisfaits de leurs vies».

http://www.lefigaro.fr/conso/2010/09/07/05007-20100907ARTFIG00411-l-argent-fait-le-bonheur-jusqu-a-4500-euros-par-mois.php

Le procureur général de Pennsylvanie a lancé une procédure contre la société de recouvrement Unicredit basée à Erie. Le patron de la société avait trouvé une organisation imparable pour impressionner et faire payer les débiteurs.

Des employés de Unicrédit se présentaient habillés en uniforme de Shérif avec une fausse convocation pour une audience au tribunal. « Si vous ne venez pas, c’est la prison » disaient les faux shérifs aux débiteurs.

Les locaux de Unicrédit ont été transformé en un tribunal plus vrai que nature.

L’intérieur du bâtiment ressemble à une salle d’audience, une paire de portes en chêne avec des poignées en laiton et à l’intérieur le fauteuil du juge, la barre des témoins.

Le stratagème a très bien fonctionné au point que Unicrédit à même obtenu de certains débiteurs intimidés qu’ils révèlent notamment leurs numéros de compte bancaire. Le Bureau du procureur a demandé à un juge de geler les avoirs de l’entreprise.

Les flagrants délires de wall Street par Marc Mayor

Nouvelles révélations sur les procédures de saisie aux Etats-Unis : après les documents falsifiés par les grandes banques pour déloger des propriétaires de leur maison, une société de Pennsylvanie a poussé la mascarade encore plus loin. Unicredit America a apparemment fait construire un faux tribunal dans la ville d’Erie, en Pennsylvanie ; la société de recouvrement de dettes a fait les choses en grand pour son « Centre de résolution des dettes », sis au n° 1537 de la West Street.

Une fois que l’accusé a franchi les lourdes portes en chêne massif ornées de poignées en laiton, telles celles d’une vraie salle de tribunal, il découvre un bureau posé sur une estrade ; là, il s’attend à voir siéger un juge – effectivement, un personnage habillé en noir occupait cette place lors des pseudo-auditions. Les livres de droit posés sur des étagères derrière lui paraissent authentiques et renforcent, en tout cas, le caractère officiel du lieu. Face au « juge », deux bureaux sont installés, l’un pour la défense et l’autrepour le procureur ; une barre est prête pour les témoins, tandis qu’un espace pour les spectateurs a également été aménagé sur le côté de la pièce.

Bref, le passant se croit véritablement dans un tribunal ; c’est en tout cas ainsi que les employés d’Unicredit America appelaient ce bureau un brin particulier.Mais leur sens du détail ne s’est pas limité à la décoration intérieure, selon une plainte déposée auprès du procureur général local : un certain nombre de résidents d’Erie ont vu débarquer chez eux des individus qui, ressemblant à des assistants du shérif, sont venus leur remettre en main propre un document similaire en tous points à une convocation pour une audience. Ce qui a laissé supposer à ces résidents qu’ils risquaient d’être placés en garde à vue dans le cas où ils ne se présenteraient pas au vrai – faux tribunal.

Une fois sur place, les choses avaient tendance à se corser pour les malheureux clients d’Unicredit : les fausses auditions se déroulaient dans un climat d’intimidation, à seule fin de les forcer à payer immédiatement d’éventuelles traites en retard, à donner leurs coordonnées bancaires ou à céder leur bien à la société de recouvrement. Des collaborateurs d’Unicredit étaient parfois envoyés au domicile des « accusés » afin de récupérer un document ou de faire signer un engagement à rembourser leurs dettes par d’autres membres de la famille – bel exemple de dévouement au service du client ! Et tout ça dans le plus strict mépris des lois qui régissent le recouvrement de dettes.

Sur son site Internet, Unicredit s’engage à récupérer tout impayé « de manière professionnelle et orientée vers la performance », en recourant uniquement à des « professionnels certifiés de la finance, qui reçoivent une formation continue ». Une formation d’acteur, donc, en vue de se faire passer pour un shérif adjoint menaçant ou pour un juge intransigeant, afin de mettre les clients sous pression en usant du chantage et de la menace, bafouant ainsi les lois en vigueur et l’éthique. Bref, Unicredit est à la pointe de ce qui se fait à Wall Street.
Revenons en Pennsylvanie, où le procureur général a demandé que Unicredit America – qui n’a rien à voir avec le groupe bancaire italien – mette immédiatement fin à ses fausses auditions, que ses actifs soient gelés et que la société fournisse des informations détaillées sur ses comptes en banque, afin d’estimer quelle somme elle a encaissée grâce à sa mascarade.Pourquoi vous parle-je de cette affaire, alors que vous n’êtes en rien concerné ? Tout simplement parce que Unicredit America me semble une métaphore rêvée de la finance actuelle : tout y est faux.
De nos jours, le petit épargnant qui croit, en se rendant à sa banque, avoir affaire à un conseiller financier découvre que, en réalité, il est assis face à un commercial qui a des objectifs de vente et pour qui il n’est qu’un pigeon de plus juste bon à signer n’importe quoi. La personne chargée de la stabilité de la monnaie de référence mondiale prononce des discours dans lesquels elle évoque la possibilité de jeter de l’argent liquide sur la foule depuis un hélicoptère, afin de combattre une possible déflation ; en préparation d’un tel événement, elle fait tourner la planche à billets, comme dans l’Allemagne des années 1920 ou, plus récemment, au Zimbabwe.

Les autorités financières, censées mettre les escrocs sous les verrous, utilisent l’argent du contribuable qui les emploie pour permettre aux « banksters » de s’octroyer un bonus record chaque année, que ces derniers coulent le système bancaire ou non. Enfin, les médias, ce fameux « quatrième pouvoir », encouragent l’investisseur à acheter des actions juste avant que la bulle n’éclate, afin de les revendre au creux de la vague – leurs collusions avec les politiciens sont légendaires, mais, bien sûr, en public, il faut donner l’impression inverse.
Vous le voyez : comme dans le pseudo-tribunal d’Erie, tout, dans la finance actuelle, sonne faux. La responsabilité finale revient à l’actionnaire, qui croit pouvoir gagner de l’argent en Bourse sans jamais participer aux assemblées générales, ni voter. Conséquence logique : le management, qui, en principe, est à son service, se croit dès lors tout permis. Et que je m’octroie force bonus et parachutes dorés et que je recours à des méthodes d’affaires illégales comme Unicredit America…

La source et les liens :

Génial: UNICREDIT America, collecteur de dettes ici leur site, a convoqué des gens dans un faux tribunal, avec du faux personnel pour saisir les maisons, voitures. C’est DINGUE !! AU SECOURS !!! Tout est faux, y compris le mobilier, sauf les gens convoqués, et tout a été vendu ensuite aux hedge funds, banques étrangères, etc. Je ne sais pas si vous imaginez où ils en sont arrivés… A FABRIQUER DES FAUX TRIBUNAUX… Lisez ici Pittsburgh Channel et voyez la video de la télé régionale… Là on dépasse le cadre de tout ce qui a été vu, c’est l’information LA PLUS FOLLE, LA PLUS EXPLOSIVE EN 3 ANNEES DE REVUE DE PRESSE. Les banques ont détourné les lois, les politiciens, la vie elle même… Il y a même un faux sheriff au tribunal qui a pris les clés et papiers des voitures des gens… ENVOYEZ CET ARTICLE A TOUS VOS MAILS, JE VOUS LE DEMANDE, la démocratie est volée en ce moment sous nos yeux par les banques et leurs sbires, les collecteurs de dettes. Ici le lien sur l’affaire du ministère de la justice de l’Etat de Pennsylvanie.  Revue de Presse par Pierre Jovanovic © www.jovanovic.com 2008-2010

Voici une planisphère chinoise / australienne, dite « South up »

planisphere-australienne Une autre vision du monde...

Renversant, non ? :)

Extrait du blog de Paul Jorion

Les crises ont cet effet que des choses jusque-là invisibles apparaissent soudain en surface. Il en va ainsi du déséquilibre qui devient désormais très palpable entre les droits du consommateur et ceux du prestataire de service. Ainsi, dans un cas très récent, le fait que l’organisation d’initiative citoyenne Wikileaks, s’est vue refuser les services de Visa, Mastercard et Paypal, sans autre justification que le fait d’avoir « peut-être » agi illégalement en publiant des informations communiquées par des « whistleblowers », des employés dénonçant les pratiques scandaleuses de leur employeur, qu’il s’agisse d’une firme ou d’un gouvernement.

Hier, alors que la presse avait signalé il y a quelques jours que Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, s’apprêtait à divulguer des informations relatives à Bank of America révélant « des manquements à l’éthique » au niveau de sa direction, la banque a décidé de refuser de traiter les dons faits à Wikileaks. Comment imaginer que ce refus de service soit sans rapport avec l’annonce faite dans la presse ?

Or, même si des personnalités politiques américaines appellent à l’assassinat d’Assange et de ses collaborateurs, et si le Vice-Président Joe Biden le qualifie de « terroriste high-tech » et laisse entendre que l’on s’active en ce moment à fabriquer les preuves qui permettront de l’inculper de « complot » (on doit s’étonner que les personnalités politiques d’autres pays s’abstiennent de commenter une telle agitation hystérique), son statut se limite à l’heure actuelle à ce qu’une cour suédoise veuille l’entendre sur des faits qui relèvent de la vie privée et qui impliquent la validité du témoignage d’une personne endormie au moment des faits. L’existence d’un tissu de lois tatillonnes permet semble-t-il aux autorités d’exercer désormais des représailles contre tout individu dont le comportement les irrite.

Une justice privée de mauvais aloi est en train de se mettre en place, fondée sur l’intimidation et qui ne juge pas même nécessaire de se justifier. Les firmes qui refusent leurs services à Wikileaks se contentent de dire que son fondateur a « peut-être » commis des actes illégaux ou, de manière plus nébuleuse encore, qu’une infraction à été commise à l’un de leurs règlements – qu’elles s’abstiennent de préciser. On pense à Kafka : « Vous serez probablement convoqué prochainement pour que nous évoquions ensemble une affaire dont nous vous ferons connaître l’objet en temps utile… »

Or des firmes comme Visa ou Mastercard, Paypal, vu la nature des services qu’elles offrent, se trouvent en position de monopole ou d’oligopole. La loi dans certains pays oblige les sommes importantes, comme les salaires, à transiter par les banques. Que se passerait-il si les banques refusaient de vous ouvrir un compte parce qu’elles n’aiment pas vos opinions ou vos agissements – bien qu’ils soient légaux ? Une compagnie téléphonique pourrait-elle résilier votre abonnement parce qu’elle n’aime pas ce que vous dites publiquement – et qu’elle soupçonne que vous pourriez éventuellement le répéter au téléphone ? À l’inverse, le particulier s’est vu refuser dans de nombreux pays la possibilité d’appeler au boycott des compagnies qui se conduiraient de manière arbitraire envers lui, le boycott ayant été interdit par la loi.

Aux États-Unis en particulier, où les représentants du peuple sont toujours élus mais sont indirectement rémunérés par des compagnies privées et où le droit pour ces dernières d’injecter des sommes d’un montant illimité dans les campagnes électorales leur permet de fait d’exercer un véto contre les candidats qui n’ont pas l’heur de leur plaire, une réponse commence à apparaître au sein de réseaux de vigilance citoyenne qui traquent l’asymétrie entre consommateur et prestataire de service. Ces réseaux sont ainsi parvenus récemment aux États-Unis à bloquer une proposition de loi (le Président Obama a opposé son véto à HR-3808) qui, en accordant statut légal aux documents produits par une association d’établissements financiers accordant des prêts hypothécaires, aurait encore aggravé l’asymétrie de traitement entre eux et leurs clients. Et ils attirent en ce moment-même l’attention sur une manœuvre de la Federal Reserve, la banque centrale américaine, qui s’apprête, à la demande de ces établissements de crédit, à éliminer la procédure de recours pour invalidité contre la saisie d’un logement, dite « rescision », pour couper l’herbe sous le pied duConsumer Financial Protection Bureau qui sera mis en place en juillet de l’année prochaine. D’autres initiatives citoyennes agissent dans le même esprit à l’échelle mondiale, ainsi, l’organisation canadienneAvaaz.org, créée en 2007, et qui affirme compter déjà plus de six millions de membres.

(*) Un « article presslib’ » est libre de reproduction en tout ou en partie à condition que le présent alinéa soit reproduit à sa suite. Paul Jorion est un « journaliste presslib’ » qui vit exclusivement de ses droits d’auteurs et de vos contributions. Il pourra continuer d’écrire comme il le fait aujourd’hui tant que vous l’y aiderez. Votre soutien peut s’exprimer ici.