canard Des contre-pouvoirs : La Cnil bleu horizon Article de grand intérêt de David Fontaine dans l’excellent Canard enchaîné du mercredi 4 mars 2009.
 

Sarkozy l’avait promis-juré pendant sa campagne présidentielle de 2007 : il allait « renforcer les moyens de la Cnil pour qu’elle puisse répondre efficacement à ses missions« … C’est chose faite : mais au lieu de crédits sonnants et trébuchants, le « renforcement » en question est surtout doctrinal et consiste à injecter des “moyens” humains dans la stricte ligne gouvernementale, en nommant de nouveaux membres très politisés.

La Commission nationale de l’informatique et des libertés, créée en 1978, c’est ce poil à gratter citoyen institué pour contrôler les dérives et les délires des fichiers informatiques et de la vidéosurveillance, et garantir en principe à tout un chacun un droit d’accès et de vérification. Malgré des moyens en peau de chagrin, c’est encore la Cnil qui a joué cet été les vigies de la démocratie face au nouveau fichier Edvige, version subrepticement élargie de celui des RG. La commission a obligé le gouvernement à dévoiler son projet de fichier tentaculaire recensant élus, syndicalistes, religieux mais aussi membres d’associations, à raison de leurs comportements et de leurs déplacements…

Or la Commission proprement dite est composée de 17 membres répartis comme suit : 2 sénateurs, 2 députés et 2 membres du Conseil économique et social ; et aussi 2 conseillers d’Etat, 2 conseillers à la Cour des comptes et 2 magistrats à la Cour de cassation. Et enfin 5 “personnalités qualifiées” issues de la société civile.

Ce sont justement ces cinq personnalités qualifiées (ou « PQ », sic !) qui viennent d’être renouvelées en février : résultat, elles sont désormais toutes UMP ou apparentées. Parmi elles, le gouvernement a carrément nommé le sénateur Nouveau Centre Jean-Paul Amoudry. Or si la loi a prévu qu’il y ait quatre parlementaires dans la Commission, ce n’est pas pour que l’on y ajoute un cinquième. Cela pourrait même être un cas de violation du texte, voire de transgression de la séparation des pouvoirs !

Deux autres « personnalités qualifiées » appartiennent, elles, directement à l’UMP : Claire Daval, avocate qui a figuré sur la liste de Sébastien Huyghe (député UMP du Nord, par ailleurs membre de la Commission) à Lille. Et Dominique Richard, ex-député de Maine-et-Loire et conseiller régional UMP. Enfin les deux derniers de ces cinq nouveaux membres ont appartenu à des cabinets ministériels sous Balladur : la conseillère d’Etat Isabelle Falque-Pierrotin fut dircab’ adjointe de Toubon à la Culture entre 1993 et 1995 ; et Jean-Marie Cotteret, membre renouvelé depuis 2004, fut conseiller de Méhaignerie, garde des Sceaux.

En ajoutant à ce sympathique « Club des cinq » les trois parlementaires de droite sur les quatre nommés de droit, et en décomptant les deux autres ex-membres de cabinet de droite et un ancien trésorier de l’UDF, cela porte à 11 sur 17 les membres de la Commission d’avance acquis aux positions du gouvernement. Pratique, non ? Mieux, le président de la Cnil depuis 2004, le sénateur du Nord Alex Türk, a composé à sa main la Commission restreinte de 6 membres qui inflige les sanctions. Il y a fait nommer le député UMP déjà évoqué Sébastien Huyghe, qui fut son étudiant à la fac de droit de Lille, ainsi que l’avocate Claire Daval, qui ont figuré tous deux sur la liste aux municipales de Lille…. Autrement dit, deux proches et voisins nordistes sur lesquels Türk a la haute main. Si l’on ajoute Cotteret, également de droite, cela lui fait une majorité absolue dans cette formation restreinte. Verrouillez, cadenassez, il en restera toujours quelque chose.

Ayant assisté à une conférence de Stéphane Hessel, je poste quelques informations sur une de ces consciences du siècle qui nous sont précieuses.

stephane-hessel2-215x300 Stephane HesselStéphane Frédéric Hessel (né à Berlin le 20 octobre 1917) est un diplomate, ambassadeur et ancien résistant français.

Il est le fils d’un père, Franz, membre de la grande bourgeoisie juive polonaise émigrée en Allemagne et ayant fait fortune dans le commerce des grains, partiellement convertie au protestantisme luthérien, et d’une mère, Helen Grund, fille d’un banquier prussien et protestant. Son père, dès son plus jeune âge, se voue aux lettres, aux langues et à l’Antiquité grecque. Sa mère, qui dessine et peint, notamment, est l’héroïne de Jules et Jim, le fameux roman de Henri-Pierre Roché, l’ami de son père (qui sera « illustré » au cinéma par François Truffaut).

Immigré en France en 1925 avec sa mère, bachelier à 15 ans, reçu à l’Ecole Normale supérieure et naturalisé français en 1937, mobilisé en 1939 à Saint-Maixent, avec trois promotions de normaliens. prisonnier évadé en 1940, il rejoint le général De Gaulle à Londres en mai 1941.

Engagé dans les Forces aériennes françaises libres il obtient, en mars 1942, la qualification d’air observer (navigateur sur bombardier) mais c’est dans le Bureau de contre-espionnage, de renseignement et d’action (BCRA), section R, chargé d’informer l’état-major britannique, qu’il entre. En mars 1944 il est envoyé en France pour une mission de cents jours (la mission Greco). Le 10 juillet 1944 il est arrêté par la Gestapo et envoyé à Buchenwald en août où, en novembre, il bénéficie d’un complot qui lui permet d’être chef comptable au camp de Rottleberode. En janvier 1945 sa tentative d’évasion ayant échouée il est envoyé à Dora, le camp où sont fabriqués les V-1 et V-2. Le 4 avril il s’évade et rejoint les américains. Il est à Paris le 8 mai 1945.

Admis, en novembre 1945, au concours des Affaires Etrangères, Stéphane Hessel fait toute sa carrière, jusqu’en 1985, dans la diplomatie, tout en étant, sous la IVème République l’un des proches collaborateurs de Pierre Mendes-France, connu à Londres en 1943, et admiré.

Après la guerre, il devient ambassadeur de France à l’ONU, puis occupe divers postes de diplomate à Saïgon, Alger, Genève et New York et se consacre inlassablement à la défense des droits de l’Homme.

En 1948, Stéphane Hessel participe à la rédaction de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (que vous pouvez lire et relire ici) aux côtés entre autres de René Cassin, en sa qualité de chef de cabinet de Henri Laugier, secrétaire général adjoint de l’ONU et secrétaire de la Commission des droits de l’Homme. Il a été membre du cabinet Pierre-Mendès France.

Souvent interrogé sur son parcours personnel et sur les raisons qui l’ont poussé, après 1945, à s’engager dans la carrière diplomatique, l’ambassadeur Hessel atteste que l’expérience de la déportation a été décisive. C’est en effet dans les camps qu’il a rencontré des opposants européens au nazisme issus de différentes nationalités européennes et qu’il a compris que ces forces européennes devaient s’unir à l’avenir pour prévenir de telles catastrophes.

En 1962, il crée l’AFTAM (Association de formation des travailleurs africains et malgaches) dont il devient président. En 2008, l’AFTAM compte 22 000 lits d’hébergement.

Cet européen convaincu est le vice-président du Collégium international éthique, politique et scientifique

Stéphane Hessel demeure à l’âge de quatre-vingt-onze ans, ambassadeur de France. Sur proposition de Bernard Kouchner, Stéphane Hessel a accepté d’être le grand témoin des célébrations du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.

Il décrit son parcours dans son dernier livre Citoyen sans frontières (Fayard).

Vous pouvez le lire sur le site de La Vie, de la Ligue des droits de l’homme ou de Ressources pour la paix.

Je termine enfin par quelques interviews passionnantes.

Suite à une conférence publique de Pierre Rosanvallon, professeur au Collège de France, je ne peux que vous conseiller son dernier livre :

Extrait d’un article de Mediapart qui résume sa pensée :

[…] Pour toutes ces raisons, je n’hésite pas à dire que nous sommes témoins d’un véritable ébranlement et même de ce qu’on pourrait appeler une forme de « brutalisation » de la liberté de la presse.

Si le problème est grave, c’est que la liberté de la presse n’est pas simplement une liberté individuelle […] : elle est une composante structurante de la vie démocratique. Elle participe du fonctionnement même de la démocratie. Elle est ainsi à la fois une liberté publique, un bien collectif et un rouage démocratique. […]

Ceux qui nous gouvernent n’hésitent pas en effet à thématiser et à justifier ce virage au nom d’un certaine conception que je qualifierai d’illibérale de la démocratie. Tout se passe pour eux comme si la démocratie se réduisait à la légitimation par les urnes des gouvernants : « Puisque j’ai été élu, toutes mes décisions sont légitimes et je ne fais que prendre mes responsabilités ». « Puisque j’ai la majorité, j’ai tous les droits ! ». Voilà ce que l’on entend de plus en plus. Un ensemble de déclarations de cette nature commence à faire insensiblement système. C’est une nouvelle vision de la démocratie et de la responsabilité politique qui s’affirme de la sorte insidieusement. Nouvelle en ce sens qu’elle marque une indéniable rupture. Mais fort ancienne en même temps car ressurgit en fait à travers elle une sensibilité bonapartiste, électorale-plébiscitaire, qui sacralise l’idée d’un face à face entre le peuple et ses gouvernants tout en dévalorisant d’un même mouvement les corps intermédiaires, la société civile et les puissances du droit. Il faut se défier des comparaisons exagérées. […]

napoleon31 Légitimité démocratique - par Pierre RosanvallonIl y a en la matière un précédent, celui de la philosophie politique du Second Empire, qui peut être éclairant. C’est mon rôle d’historien de le rappeler. Au milieu du dix-neuvième siècle, c’était en effet la grande argumentation de Napoléon III. Que disait en effet Napoléon III à la presse pour la juguler ? Il disait : « Mais qui êtes vous les journalistes ? Vous n’exprimez que des intérêts particuliers. Moi, je représente l’intérêt général car j’ai été élu par le peuple! Vous, vous ne représentez que vos lecteurs ». « La presse, disaient encore Napoléon III et les têtes pensantes de son régime, n’est qu’un pouvoir spontané, volontaire, qui ne relève que de lui-même, de ses intérêts, de ses caprices et de ses ambitions. Alors que notre action est, elle, enracinée dans les millions de voix du plébiscite ». Et il lâchait légèrement méprisant, à ceux qui protestaient contre les atteintes à la liberté de la presse : « Qu’est-ce qu’un journal ? Ce n’est que l’alliance d’un capital et d’un talent, alors que je suis l’expression autorisée de l’intérêt général et de la volonté générale ». Le problème était alors que les républicains s’étaient trouvés fort gênés pour dénoncer ce qui se présentait comme une apologie du suffrage universel. Ils vouaient politiquement aux gémonies l’Empereur et s’opposaient frontalement à lui. Ils ne pouvaient en effet que dénoncer avec virulence ses actions et ses comportements dans leur contenu. Mais ils s’avéraient en même temps incapables de disqualifier intellectuellement la doctrine dont ils déploraient les conséquences pratiques. Leur critique restait embarrassée. Leur républicanisme participait en effet d’une vision voisine des rapports entre le droit et l’expression populaire, même si elle était corrigée par une forme de retenue instinctive. […]

C’est un point sur lequel on ne saurait trop insister : On ne peut bien défendre la liberté et le pluralisme de la presse que si l’on a l’intelligence de son indignation. Avoir l’intelligence de son indignation, c’est affirmer fortement que la majorité est un principe incontournable et incontestablement démocratique de nomination des gouvernants, mais qu’elle ne saurait être un principe suffisant de justification des actions de ceux qui ont été élus.

pierre-rosanvallon Légitimité démocratique - par Pierre RosanvallonLe principe majoritaire sur lequel repose le système electoral-représentatif n’est qu’une convention empirique dont l’autorité doit rester soumise à des contraintes plus exigeantes de justification. D’où le rôle que jouent par exemple l’Etat de droit et l’organisation d’une administration de service public dans la démocratie. Un pouvoir ne peut ainsi être considéré comme pleinement démocratique que s’il est soumis à des épreuves de contrôle et de validation à la fois concurrentes et complémentaires de l’expression électorale. Il doit par exemple se plier à des impératifs de mise à distance des intérêts partisans (une majorité est toujours structurellement partisane) en instituant des structures ayant une dimension d’impartialité. Il doit aussi faire exister des expressions plurielles du bien commun (et c’est à cela que contribue le rôle du droit en rappelant des normes et des valeurs fondatrices du contrat social). C’est seulement si l’on défend une telle conception de la démocratie que l’on peut solidement défendre la liberté de la presse. […] Sans appréhension lucide de ce que j’appelle le rôle de la « fiction majoritaire » dans les démocraties (sa prétention à exprimer toute la société et à faire du moment électoral la seule épreuve de validation du rapport entre gouvernés et gouvernants), il n’y aura que des combats pour la liberté inachevés et affaiblis.

Dans le débat actuel sur la nomination des présidents de l’audiovisuel public, il y a une autre précision qu’il est essentiel d’opérer : il faut bien distinguer les conditions de gestion d’un bien public conflictuel (un bien dont la présomption de gestion partisane détruit le caractère public) et celles de la direction d’une entreprise publique (déterminée par des catégories d’ordre gestionnaire). C’est pour cela que nommer un président de chaîne de télévision n’est pas de même nature que nommer le président d’une entreprise ferroviaire. Il faut ainsi dénoncer la rhétorique qui entretient cette confusion. De même qu’il faut dénoncer la confusion parallèle entre la notion de décision politique et celle de nomination à une fonction de gestion d’un bien public conflictuel. Un pouvoir élu est évidemment toujours fondé à prendre une décision politique. Il a été élu pour cela, pour trancher entre des options différentes, faire des choix. Prendre parti est en la matière de l’essence même de sa mission et de l’exercice de sa responsabilité (qui sera sanctionnée par une éventuelle tentative de réélection). Mais il y a des domaines où il faut au contraire s’abstraire de cette logique. Ne pas le reconnaître, ce serait finir par justifier le droit à épurer librement l’administration, et rompre avec la notion même de service public. […]

Il n’y a parallèlement pas de défense solide de la liberté de la presse sans reconnaissance de sa contribution directe à la qualité de la vie démocratique. Elle y contribue d’une triple façon.

  1. Elle y participe d’abord parce qu’elle a une fonction de représentation. La représentation, en effet, ce n’est pas seulement le mandat, la délégation. La représentation c’est ce qui rend sensible et visibles les problèmes de la société, c’est ce qui fait apparaître des situations oubliés ou des réalités occultées. C’est ce qui oppose la réalité des faits qui dérangent, des situations dissonantes, à la bien-pensance ou aux idéologies. La représentation, c’est rendre lisible le monde, l’expliciter, faire en sorte que chacun puisse donner sens à sa situation, à son existence. Etre citoyen, c’est en effet ne plus subir un monde vécu comme une contrainte indéchiffrable, c’est sortir de l’impuissance en comprenant mieux les choses, en apprenant à les critiquer pour pouvoir songer à les maîtriser. La presse participe d’une fonction de représentation ainsi comprise.
  2. Mais elle participe aussi d’une fonction de délibération. Faire vivre la démocratie, c’est là prendre ses distances avec les visions molles du consensus, pour aider à ce que s’expriment les véritables conflits, faire surgir les problèmes de fond. C’est permettre que se formulent de vraies controverses. A la logique nécessaire des oppositions et des débats qui structurent la vie parlementaire-partisane, il est en effet décisif de faire exister d’autres formes de discussion et d’autres types d’argumentation. C’est à cela aussi que la presse participe.
  3. Il y a enfin une troisième dimension proprement démocratique de la presse : la presse a une fonction de distance réflexive, une fonction que j’appelle contre-démocratique. La citoyenneté active n’est pas en effet simplement dans le vote, elle est aussi dans le contrôle, dans la surveillance. A la fin du dix-huitième siècle en Angleterre, au moment de la Révolution Française, on disait des journalistes qu’ils étaient des « avertisseurs publics ». C’est toujours une bonne définition de la fonction du journaliste : être un avertisseur public ! Et un grand journaliste français de la même époque, celui qui dirigeait Le Patriote français, Brissot, disait : « La liberté de la presse est un des principaux moyens qu’a le peuple pour surveiller, éclairer, censurer ses représentants ». « Une gazette libre, écrivait-il, encore est une sentinelle qui veille sans cesse pour la société ». C’est ce qui permettait d’ailleurs à Michelet de dire que les journaux remplissaient alors une « fonction publique ».

Une presse libre et pluraliste est une composante de la vie démocratique lorsqu’elle fait vivre ces trois dimensions. C’est dire qu’on ne peut jamais se limiter à une simple action de « défense » de la liberté de la presse. Il n’y a pas de défense sans projet positif qui en prolonge le mouvement. On ne peut sauvegarder la liberté de la presse sans se situer dans une perspective d’approfondissement de la démocratie. La liberté de la presse, nous la sauvegarderons si nous cherchons sans relâche les conditions qui permettront de rendre la démocratie plus forte et plus vivante. Elle est ainsi plus que la garantie de l’exercice d’une profession : elle est un bien collectif démocratique.

Un extrait d’autre article du Monde

Baptisons-le Jules pour cette fois. Début décembre 2008, ce jeune salarié d’un cabinet d’architecte de l’agglomération nantaise a eu la surprise de voir sa biographie publiée dans le bimensuel Le Tigre. Ce magazine alternatif a décidé de lui consacrer son « premier portrait Google », collectant mille détails de la vie de cet anonyme « grâce à toutes les traces qu’il a laissées, volontairement ou non » sur des sites de réseau social comme Facebook, Flickr ou YouTube.

L’article qui en résulte est volontairement glaçant. « Bon anniversaire Jules », lit-on en guise d’accroche, avant de découvrir la date anniversaire de l’intéressé. « Tu permets qu’on se tutoie, Jules ? Tu ne me connais pas, c’est vrai. Mais moi, je te connais très bien. » S’ensuit un résumé précis des voyages et goûts musicaux de cet homme, ainsi que de ses différentes rencontres amoureuses.

Le Tigre revendique pleinement ce déballage, voulant mettre en exergue « l’idée qu’on ne fait pas vraiment attention aux informations privées disponibles sur Internet et que, une fois synthétisées, elles prennent soudain un relief inquiétant« .

Alerté par un ami de la diffusion de ce portrait, Jules a d’abord pris la mésaventure à la légère. « Mais quand j’ai commencé la lecture, cela m’a fait pâlir », rapporte-t-il au quotidien nantais Presse Océan, qui a révélé l’affaire. L’internaute a aussitôt demandé la suppression de l’article mis en ligne sur le site du Tigre. Désormais, seule une version édulcorée et travestie subsiste.

Jules, qui affirme avoir désormais « verrouillé » sa vie, n’entend pas porter plainte. « Ce serait de toute façon difficilement tenable devant un juge, estime Alex Türk, président de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL). Le magazine n’a fait qu’utiliser des sources publiques. »

Cette mésaventure illustre la complexité de la galaxie Internet. « Le fait même d’entrer dans ce type de réseau, souligne M. Türk, revient à accepter de réduire son périmètre d’intimité. »

« Les nouvelles technologies favorisent la confusion des espaces publics et privés, renchérit Dominique Pécaud, sociologue à l’université de Nantes. D’un côté, on glisse vers une privatisation des espaces publics, via notamment la vidéosurveillance. De l’autre, on expose sa vie privée dans des espaces qui sont presque publics. On assiste à un recentrage sur l’individu, comme s’il devenait une institution. »

Se pose « une question fondamentale de nature psychologique et philosophique », selon M. Türk : « Qu’est-ce qui fait que les jeunes ont besoin d’exposer leur vie intime et d’apprendre tout de la vie d’inconnus ? Il y a là un étrange phénomène d’exhibitionnisme partagé et de narcissisme mutuel. »

La CNIL, indique-t-il, a été sollicitée il y a peu par une autre victime collatérale du Net : « Lors d’un entretien d’embauche, un jeune homme s’est vu présenter une photo de ses fesses. Ses employeurs potentiels l’avaient trouvée sur Internet. Cette image était la conséquence d’une soirée arrosée. Il n’a pas eu l’emploi. »

Les vingt-sept CNIL européennes souhaitent proposer « un certain nombre de garde-fous » avant la fin de l’année, afin de permettre aux adeptes du Web d’effacer leurs données dès qu’ils le souhaitent.

Yan Gauchard

Source NouvelObs.com

Lors de l’audience de rentrée solennelle de la Cour de cassation, Nicolas Sarkozy a annoncé sa volonté de supprimer la fonction de juge d’instruction, remplacée par un juge de l’instruction qui ne dirigera plus les enquêtes.

Un cordon de gendarmes a bloqué l’accès à la Cour de cassation à une centaine d’avocats et de juges d’instruction qui se sont rassemblés sur les marches du palais de justice pour dénoncer une « justice à deux vitesses » et qui scandaient « avocats, magistrats pour une justice indépendante ».

Plusieurs juges d’instruction antiterroristes, comme Marc Trévidic ou Marie-Antoinette Houyvet, financiers (dont la doyenne des juges d’instruction parisiens Françoise Desset) ou spécialisés dans la criminalité organisée (Jean-Louis Périès, Baudouin Thouvenot) ou la santé publique (Marie-Odile Bertella-Geffroy) ont participé au rassemblement.

De nombreux avocats, dont Mes Léon-Lef Forster, Françoise Cotta ou encore Patrick Maisonneuve, ainsi que la présidente de l’Association française des magistrats instructeurs (AFMI), Catherine Giudicelli, y ont également pris part.

« Que les magistrats instructeurs soient supprimés entraînerait une situation arbitraire inquiétante« , a estimé Me Forster. Selon lui, « nous assistons déjà dans les enquêtes préliminaires, les citations directes, les comparutions immédiates à des enquêtes non contradictoires qui ne préservent pas les droits de la défense et qui ne sont pas toujours efficaces dans la recherche de la vérité ».

À l’issue du rassemblement, les manifestants ont appelé à « des états généraux de l’ensemble du monde judiciaire dans les délais les plus brefs pour préparer la réplique au projet ». 

« La suppression du juge d’instruction au profit d’une enquête menée par le seul parquet constitue la menace d’une des plus graves régressions en matière de droits de la défense et d’équilibre du procès pénal que la France connaîtrait depuis ces dernières années« , écrit la Ligue des Droits De l’Homme dans un communiqué. En matière d’équilibre entre accusation et défense, « les dérives actuelles ne trouveront aucune solution dans le renforcement du pouvoir de la police et du parquet », ajoute-t-elle, intimant au gouvernement de « revoir la copie de sa politique pénale au lieu de supprimer tout obstacle à son contrôle indépendant ».

Eva Joly : « Dans la solution qu’il propose, votre président de la République, les enquêtes seront confiées à un parquet qui lui est soumis », a commenté sur Europe 1. Les magistrats du parquet sont hiérarchiquement soumis au ministère de la Justice. « Comment est-ce qu’on peut croire cinq minutes qu’un parquet aux ordres mènera plus et mieux les enquêtes et assurera mieux les libertés publiques qu’un juge? », a-t-elle demandé. « Pour moi c’est une régression (…) un verrou pour empêcher les enquêtes qui gênent le pouvoir politique » et « cette réforme ne doit pas passer », a insisté l’ancienne magistrate.

Corinne Lepage, vice-présidente du Mouvement Démocrate (MoDem) et avocate à la Cour d’Appel de Paris : « Après la réforme de l’audiovisuel public, le fichage généralisé, cette réforme qui n’a aucun caractère d’urgence participe d’un ensemble cohérent qui n’a pour seul objectif que de verrouiller l’appareil démocratique et favoriser une certaine délinquance, notamment politico-financière, en toute sécurité ». « La suppression du juge d’instruction vient donc en quelque sorte coiffer cet édifice afin de disposer d’une justice aux ordres, après avoir construit un système de contrôle direct et indirect des médias« . « Dans la mesure où d’ores et déjà la constitution de partie civile a été considérablement réduite », un tel projet « signifierait qu’en réalité, plus aucune affaire politico-financière ou aucune affaire déplaisant au pouvoir ne pourrait faire l’objet d’une instruction en France ». 

Les autres réactions           

On remarque le cynisme et la com’ sur le ton « on change un juge d’instruction en juge de l’instruction, vous voyez, ce n’est rien »… Grave repli démocratique, réforme de nouveau précipitée et bâclée, sans concertation – c’est une vraie manie…

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Coïncidant avec le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, une pétition intitulée Charte 08, en référence à la Charte 77 des dissidents tchèques, circule sur le Net chinois. Pékin, qui célèbre le 30e anniversaire du lancement des réformes par Deng Xiaoping, riposte par la prison.

À lire sur Rue89.com

La Charte 08, délibérément calquée sur l’action des dissidents de l’ex-bloc soviétique dans les années 70, avec Vaclav Havel en Tchécoslovaquie, Andreï Sakharov en URSS, et quelques autres dans les autres « républiques populaires », comprend dix-huit propositions destinées à conduire la Chine vers la démocratie.

Parmi ces propositions, certaines sont de cruels rappels des impasses du régime, comme la demande de ratification du Pacte des Nations unies pour les droits civils et politiques, que la Chine a signé pour satisfaire les pays occidentaux, mais n’a jamais ratifié. Jacques Chirac avait coutume de citer la signature de ce Pacte comme l’un des succès de la diplomatie discrète en faveur des droits de l’homme: il oubliait de dire qu’il n’avait jamais été mis en œuvre…

D’autres propositions sont plus radicales dans le contexte chinois, comme la séparation des pouvoirs entre l’exécutif, le législatif et le judiciaire, qui sont tous placés actuellement sous l’autorité du Parti communiste chinois. Cette idée avait été évoquée par les réformistes au sein même du Parti, mais écartée après la répression du Printemps de Pékin, en juin 1989.

Les signataires réclament également des élections libres avec pluralisme des partis politiques, idée encore impensable pour les actuels détenteurs du pouvoir, et qui a conduit en prison tous ceux qui l’ont réclamée avant les signataires de cette Charte.

Lire la charte 08 en français

Un lien vers l’excellente étude Papiers Libres d’Amnesty International sur la Chine

chine-211x300 Chine : le choc de la Charte 08

Sur ce thème, une video exclusive du NouvelObs.com : Le témoignage exceptionnel d’un moine tibétain arrêté

Voici un document exceptionnel : le témoignage à visage découvert d’Akhu Jigme, un moine tibétain du monastère de Labrang, arrêté le 22 mars dernier par la police armée chinoise qui le soupçonnait d’avoir participé aux protestations de mars. Il raconte devant la caméra comment il a été traîné dans une voiture en plein jour, comment il a été harcelé, questionné, torturé. Ses tortionnaires ne l’ont relâché que quand il s’est trouvé au seuil de la mort. Il a alors pu être soigné, aux frais de sa famille. Après son rétablissement, Akhu Jigme a enregistré ce témoignage vidéo posté sur Youtube et il a également donné une interview par téléphone aux journalistes de l’agence AP (l’interview aurait été réalisée le 12 septembre et publiée le 15). Acte de courage impressionnant, car Akhu Jigme se trouve toujours en Chine, caché en Amdo, cette région tibétaine rattachée à trois provinces chinoises. Selon Robbie Barnett, professeur à l’Université Columbia et le meilleur spécialiste des questions politiques du Tibet, « cette interview revêt une importance extrême, car il s’agit sans doute du premier Tibétain ordinaire à s’exprimer en son nom propre tout en se trouvant encore dans son pays. Le précédent témoignage de ce type remonte à 1994″. Deux personnes seulement qui ont osé témoigner à visage découvert en quatorze ans : de quoi donner la mesure de la terreur que le régime chinois fait régner au Tibet.

Comme les premiers signataires de la Charte 08 sont désormais en prison, je ne résiste pas au plaisir de remettre en conclusion la vidéo de Daniel Cohn-Bendit au parlement européen, face à Sarkozy :

Des talibans de la très instable vallée de Swat, dans le nord-ouest du Pakistan, ont interdit aux filles d’aller à l’école à partir de janvier et menacé de tuer toutes celles qui braveraient cet ordre, ont annoncé jeudi des responsables locaux.

L’interdiction a été décrétée cette semaine par un chef taliban local, Shah Durran, dans un message diffusé par une station de radio illégale de la région, selon les mêmes sources.

« Nous avez jusqu’au 15 janvier pour arrêter d’envoyer vos filles dans les écoles. Si vous passez outre cet avertissement, nous tuerons ces filles », a déclaré le chef taliban, selon un responsable local.

« Nous avertissons également les écoles qu’elles ne doivent accueillir aucune fille, sinon nous ferons exploser leurs bâtiments », a-t-il ajouté selon la même source.

La vallée montagneuse de Swat était jusqu’à l’an dernier une destination touristique populaire, où se trouve notamment la seule station de ski du pays.

Mais elle est devenue un terrain d’affrontement depuis qu’un chef religieux radical, Maulana Fazlullah, lié au mouvement des talibans pakistanais, mène violemment campagne pour y imposer la charia (loi islamique).

Des combattants talibans ont déjà détruit de nombreuses écoles publiques dans la vallée, selon des habitants, dont certains font désormais l’école aux filles dans leurs foyers.

Officiellement, 1.580 écoles sont toujours recensées dans la vallée de Swat, autrefois connue pour ses établissements scolaires de haut niveau, a précisé à l’AFP un responsable du ministère pakistanais de l’Education, Naeem Khan.

Mais le secteur éducatif a beaucoup souffert des violences et affrontements entre les rebelles liés aux talibans et les forces de sécurité pakistanaises.

Selon M. Khan, les talibans ont déjà détruit 252 écoles, dont « la plupart où les garçons et les filles étudiaient ensemble », et seules quelques écoles sont encore ouvertes à Mingora, la principale ville de la région.

En mai dernier, le gouvernement a conclu avec les rebelles un accord dans lequel il s’engageait à retirer progressivement ses troupes et à mettre en place un système judiciaire islamique en échange de la fin des violences, qui n’a toutefois pas empêché celles-ci de se poursuivre.

Source AFP – Jeudi 25 décembre

talibans1 Pakistan: des talibans menacent de tuer les filles qui iraient à lécole
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