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Ayant assisté à une conférence de Stéphane Hessel, je poste quelques informations sur une de ces consciences du siècle qui nous sont précieuses.
Stéphane Frédéric Hessel (né à Berlin le 20 octobre 1917) est un diplomate, ambassadeur et ancien résistant français.
Il est le fils d’un père, Franz, membre de la grande bourgeoisie juive polonaise émigrée en Allemagne et ayant fait fortune dans le commerce des grains, partiellement convertie au protestantisme luthérien, et d’une mère, Helen Grund, fille d’un banquier prussien et protestant. Son père, dès son plus jeune âge, se voue aux lettres, aux langues et à l’Antiquité grecque. Sa mère, qui dessine et peint, notamment, est l’héroïne de Jules et Jim, le fameux roman de Henri-Pierre Roché, l’ami de son père (qui sera « illustré » au cinéma par François Truffaut).
Immigré en France en 1925 avec sa mère, bachelier à 15 ans, reçu à l’Ecole Normale supérieure et naturalisé français en 1937, mobilisé en 1939 à Saint-Maixent, avec trois promotions de normaliens. prisonnier évadé en 1940, il rejoint le général De Gaulle à Londres en mai 1941.
Engagé dans les Forces aériennes françaises libres il obtient, en mars 1942, la qualification d’air observer (navigateur sur bombardier) mais c’est dans le Bureau de contre-espionnage, de renseignement et d’action (BCRA), section R, chargé d’informer l’état-major britannique, qu’il entre. En mars 1944 il est envoyé en France pour une mission de cents jours (la mission Greco). Le 10 juillet 1944 il est arrêté par la Gestapo et envoyé à Buchenwald en août où, en novembre, il bénéficie d’un complot qui lui permet d’être chef comptable au camp de Rottleberode. En janvier 1945 sa tentative d’évasion ayant échouée il est envoyé à Dora, le camp où sont fabriqués les V-1 et V-2. Le 4 avril il s’évade et rejoint les américains. Il est à Paris le 8 mai 1945.
Admis, en novembre 1945, au concours des Affaires Etrangères, Stéphane Hessel fait toute sa carrière, jusqu’en 1985, dans la diplomatie, tout en étant, sous la IVème République l’un des proches collaborateurs de Pierre Mendes-France, connu à Londres en 1943, et admiré.
Après la guerre, il devient ambassadeur de France à l’ONU, puis occupe divers postes de diplomate à Saïgon, Alger, Genève et New York et se consacre inlassablement à la défense des droits de l’Homme.
En 1948, Stéphane Hessel participe à la rédaction de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme (que vous pouvez lire et relire ici) aux côtés entre autres de René Cassin, en sa qualité de chef de cabinet de Henri Laugier, secrétaire général adjoint de l’ONU et secrétaire de la Commission des droits de l’Homme. Il a été membre du cabinet Pierre-Mendès France.
Souvent interrogé sur son parcours personnel et sur les raisons qui l’ont poussé, après 1945, à s’engager dans la carrière diplomatique, l’ambassadeur Hessel atteste que l’expérience de la déportation a été décisive. C’est en effet dans les camps qu’il a rencontré des opposants européens au nazisme issus de différentes nationalités européennes et qu’il a compris que ces forces européennes devaient s’unir à l’avenir pour prévenir de telles catastrophes.
En 1962, il crée l’AFTAM (Association de formation des travailleurs africains et malgaches) dont il devient président. En 2008, l’AFTAM compte 22 000 lits d’hébergement.
Cet européen convaincu est le vice-président du Collégium international éthique, politique et scientifique
Stéphane Hessel demeure à l’âge de quatre-vingt-onze ans, ambassadeur de France. Sur proposition de Bernard Kouchner, Stéphane Hessel a accepté d’être le grand témoin des célébrations du 60ème anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Il décrit son parcours dans son dernier livre Citoyen sans frontières (Fayard).
Vous pouvez le lire sur le site de La Vie, de la Ligue des droits de l’homme ou de Ressources pour la paix.
Je termine enfin par quelques interviews passionnantes.
Une excellente enquête du Monde, de Patrick Weill. Extrait de cet article à consulter sur le site
Le ministre de l’immigration et de l’identité nationale, Brice Hortefeux, ne manque pas une occasion – comme il l’a encore fait mardi 13 janvier à la veille de quitter son ministère – de brandir fièrement les résultats chiffrés de son action, notamment ceux des reconduites à la frontière. […]
La police a révélé que 29 799 étrangers en situation irrégulière avaient été reconduits à la frontière en 2008 contre 23 200 en 2007. L’objectif initial était de 26 000 expulsions, mais le ministre de l’immigration, Brice Hortefeux, avait indiqué fin octobre que pour les neuf premiers mois de l’année, « le nombre d’éloignements était supérieur au total des éloignements de toute l’année 2007″. Il avait souligné que, sur ce chiffre 2008, « un gros tiers » était des départs volontaires.
Quand on décortique les chiffres, force est pourtant de constater que la réalité a été camouflée pour tenter à tout prix de pouvoir afficher un bilan conforme aux objectifs plus que volontaristes de maîtrise de l’immigration imposés par le président de la République. Au-delà de ces jongleries statistiques, opérées dans une opacité aussi remarquable que regrettable, ce sont les aberrations bureaucratiques et les contradictions de la politique française d’immigration qui sautent aux yeux. […]
Pour les responsables de la police, les « vraies » reconduites concernent les étrangers que l’on ramène hors d’une zone de libre circulation vers la France, d’abord en Afrique, en Asie, en Amérique ou en Europe de l’Est. Or ces reconduites-là, les plus significatives, n’augmentent pas. Elles représentent moins de la moitié (46 %) des 14 660 reconduites annoncées par M. Hortefeux pour les cinq premiers mois de 2008 et concernent de plus des étrangers simplement « sans papiers ». […]
Au début de 2008, les préfets ont été ainsi surpris d’entendre un des responsables du cabinet de M. Hortefeux leur indiquer que s’ils ne traitaient pas les demandes de regroupement familial il ne leur en voudrait pas. Au ministère des affaires étrangères, on a été choqué d’entendre le même responsable indiquer son souhait d’en terminer avec l’accueil de boursiers africains, confirmant des instructions quasi officielles données aux services culturels des ambassades de France à l’étranger. Mais le plus souvent, la logique discriminatoire se traduit plus discrètement et efficacement. […]
Tous les moyens sont bons pour remplir les objectifs chiffrés, y compris les plus artificiels : un touriste venu voyager en Europe avec un visa Schengen – valide trois mois – a séjourné quatre mois ; il repart tranquillement par avion et son passeport est vérifié au moment de l’embarquement à Roissy. Ce touriste est interpellé, présenté à un officier de police judiciaire qui lui délivre une obligation à quitter le territoire qu’il s’apprêtait justement à quitter. Mais c’est une occasion comme une autre de contribuer à remplir les objectifs chiffrés. […]
Le gouvernement a bien décidé, en juillet 2008, d’ouvrir la porte aux travailleurs des dix nouveaux pays membres de l’Union européenne. Mais il l’a fait trop tard, et cette mesure n’a eu qu’un faible impact. […]
L’important est toujours que les annonces soient profitables, que les échecs soient camouflés et que l’apparence soit sauve. […]
Fondée sur des objectifs inatteignables ou indicibles, la nouvelle politique d’immigration a aussi besoin d’opérer dans le silence. D’où la production de données statistiques partielles, des informations de plus en plus contrôlées, et les pressions ou les sanctions visant les acteurs, qui restent critiques. C’est pour avoir conservé sa liberté de parole que la Cimade, qui assure une mission d’aide juridique indispensable aux étrangers dans les centres de rétention, risque de se voir retirer la majeure partie de cette responsabilité.
Discriminatoire, cette politique, en faisant fuir l’élite africaine vers d’autres pays européens ou vers l’Amérique, abaisse dans ce continent l’influence de la France. Bureaucratique, elle n’attire pas l’immigration de travail, même qualifiée. Discrétionnaire, contradictoire et intrusive, elle porte atteinte aux droits de l’homme, néglige la sécurité publique et épuise les fonctionnaires chargés de la mettre en oeuvre. Nicolas Sarkozy continue pourtant d’imprimer un rythme rapide et politique à sa gestion. Cinq lois déjà depuis 2002, un projet de réforme constitutionnelle avorté et deux nouvelles lois annoncées pour 2009. Probablement est-il persuadé que le maintien d’une tension, d’une mobilisation politique permanente autour de l’immigration, reste pour l’avenir, quelles qu’en soient les conséquences, toutes à son bénéfice politique.
Patrick Weil, directeur de recherche au CNRS
Citons enfin deux réactions :
Le Conseil représentatif des associations noires (CRAN) a dénoncé lundi les « aspects les plus ségrégatifs » de la politique du ministère de l’immigration, établissant un lien de cause à effet entre la hausse des reconduites à la frontière et la hausse des « contrôles au faciès ». « Les conséquences dramatiques (de cette politique) mènent parfois certaines personnes à se jeter dans l’eau, comme le jeune Baba Traoré qui a trouvé la mort en fuyant la police », a déclaré Patrick Lozès, président du CRAN, en référence à un étudiant malien mort noyé dans la Marne en avril alors qu’il était sous le coup d’un arrêté de reconduite à la frontière.
Pour Pierre Henry, directeur général de France Terre d’Asile, la politique mise en œuvre par Brice Hortefeux « confine à l’absurde et à l’inefficacité ». Une opinion partagée par Laurent Giovannoni, secrétaire général de la Cimade, association d’aide aux demandeurs d’asile, qui dénonce le caractère « dogmatique et brutal » des moyens mis en œuvre. Pour le syndicat UNSA, majoritaire au sein de la police, « la politique du chiffre mène à des dérapages » inévitables. « Les personnes des minorités visibles sont effectivement deux fois plus contrôlées que les autres et elles le ressentent douloureusement », a renchéri Michel Guerlavais, secrétaire national de l’UNSA chargé des questions de droits de l’homme