Quelques citations de l’excellent livre de Paul Krugman L’Amérique que nous voulons :

[Rappel des faits du New Deal : hausse du syndicalisme, modération salariale des hauts salaires, hausse salariale des petits salaires, taxation très forte sur les plus riches, politique de Grands Travaux accompagné d’auditeurs internes pour ne pas gaspiller l’argent. Agir dans la probité donc.]

« Nous avons du lutter contre les vieux ennemis de la paix – le monopole industriel et financier, la spéculation, la banque véreuse, l’antagonisme de classe, l’esprit de clan, le profiteur de guerre.

Ils avaient commencé à considérer le gouvernement des États-Unis comme un simple appendice à leurs affaires privées. Nous savons maintenant qu’il est tout aussi dangereux d’être gouverné par l’argent organisé que par le crime organisé.

Jamais dans toute notre histoire ces forces n’ont été aussi unies contre un candidat qu’elles ne le son aujourd’hui. Elles sont unanimes dans leur haine pour moi – et leur haine me fait plaisir. »

Franklin Delano Roosevelt au Madison Square Garden, 1936

Un texte de 1967 de Richard Nixon (et Pat Buchanan), haute figure de la probité…

« La criminalité et l’anarchie scandaleuses de la vie américaine actuelle découlent en grande partie de deux changements de mentalité fondamentaux qui se sont produits chez de nombreux Américains. Le premier est la tolérance, par ceux qui soutiennent une cause, des infractions à la loi et atteintes à l’ordre public une cause, des infractions à la loi et atteintes à l’ordre public commises en son nom. Le second est l’indulgence pour la criminalité, par sympathie pour les griefs passés de ceux qui sont devenus des délinquants. Nos juges ont trop affaibli les forces de l’ordre face à celles du crime. Nos faiseurs d’opinion ont trop répété que, lorsqu’une loi est violée, le coupable n’es pas le criminel mais la société. »

Un bon mot populaire des années 60 disait en effet que « un conservateur, c’est un libéral qui a été agressé… »

Dans son célèbre livre de 2004, What’s the Matter with Kansas ? (« Quel est le problème avec le Kansas ? »), Thomas Frank a brossé un tableau déprimant, celui d’un électorat ouvrier  facile à duper, encore et toujours, en faisant du battage sur des enjeux secondaires :

« La ficelle ne s’use jamais, jamais l’illusion ne s’émousse. Votez pour interdire l’avortement, vous aurez une réduction de l’impôt sur les plus-values. Votez pour restaurer la puissance du pays, vous aurez la désindustrialisation. Votez pour serrer la vis à tous ces profs de fac politiquement corrects, vous aurez la dérèglementation de l’électricité. Votez pour secouer le joug écrasant de l’État, vous aurez le conglomérat et le monopole partout. Votez pour faire front contre les terroristes, vous aurez des manoeuvres pour privatiser la Caisse de retraite publique. Votez pour sanctionner les élites, vous aurez un ordre social où la richesse est plus concentrée qu’elle ne l’a jamais été dans votre vie, où les travailleurs n’ont plus aucun pouvoir et où la rémunération des PDG atteint des niveaux inimaginables. »

Dans la communication, les enjeux secondaires sont placés sur le devant de la scène. Et pendant ce temps-là, l’essentiel, une libéralisation qui coûte cher aux pauvres et aux classes moyennes, est mise en oeuvre méthodiquement, mais constamment escamotée dans le discours.

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