DSK : les faits
Non classé octobre 24th, 2008En introduction, ce post ne vise pas la qualité d’homme politique, dont personne ne conteste la compétence économique – mais bien son comportement.
Rappelons les faits :
1°) DSK est nommé par Sarko en juillet 2007
« Le seul vrai problème de Strauss-Kahn est son rapport aux femmes. Trop pressant, il frôle souvent le harcèlement. Un travers connu des médias, mais dont personne ne parle (on est en France). Or, le FMI est une institution internationale où les mœurs sont anglo-saxonnes. Un geste déplacé, une allusion trop précise, et c’est la curée médiatique. Après Jacques Attali et ses goûts somptuaires qui lui ont coûté la présidence de la BERD, la France ne peut pas se permettre un nouveau scandale. »Curée sur « le premier qui dit la vérité… »« Une ex-copine a eu DSK comme prof de fac. Effectivement, il est semble-t-il très « entreprenant ».. »
Quatremer précise : « j’ai vu… Mais ils n’ont pas compris une chose: je dis simplement que la presse et l’opinion publique américaines ne pardonneront jamais un écart de conduite, fut-il anodin pour un Français, à DSK. Je me fiche totalement de sa vie privée. Sauf si elle risque d’interférer avec son mandat public. Et vous connaissez tous l’absolue intolérance des Américains à l’égard de ce type de comportement. Si dans six mois, il y a un scandale (selon les normes US), les médias vont-ils encore écrire: on le savait mais on ne vous a rien dit (comme on l’a fait pour la fille de Mitterrand, la mésentente du couple Hollande-Royal, les tensions du couple Sarkozy, etc)? Il faut savoir: soit les journalistes nous cachent tout, soit ce sont des fouilles merdes indignes de considération. »
« Pour ma part Jean je trouve que vous n’avez pas du tout franchi la ligne jaune. Vous donnez là de véritables précisions qui permettent de mieux appréhender la situation et je vous suis reconnaissant d’avoir écrit ce passage. »
« C’est vrai que DSK est un érotomane; il a cela en commun avec Sarkozy. Bon courage mesdames les fonctionnaires du FMI. »
« D’accord sur la différence faite entre vie privée et interférences avec la vie publique et sur les exemples du passé. En ce qui concerne DSK au FMI, cela reste un procès d’intention. Les règles étant claires pour tout le monde, on peut estimer qu’il en tiendra compte s’il est nommé. »
« Je suis heureuse de voir que l’info sur DSK et son rapport aux femmes soit enfin un sujet de discussion.En effet, si chacun a droit a sa vie privée, et DSK autant que tout autre personnage public, son comportement de dragueur compulsif, sa façon d’aborder toute femme d’abord comme une conquête sexuelle potentielle (le fait qu’elle puisse aussi avoir un cerveau ne lui paraissant pas important), posent de vraies questions sur ses convictions politiques en matière d’égalité homme-femme. Simple sous-fifre au PS, j’ai fait l’expérience très vexante de ses lourdes avances au bout de 30 secondes de conversation. Toutes les femmes du PS qui ont eu affaire a lui connaissent son comportement, mais une espèce d’omerta règne. Si une femme le dénonçait publiquement, je pense qu’elle pourrait s’attendre a ce que ça se retourne très vite contre elle. Malheureusement, un homme politique qui prend les femmes pour des produits de consommation, ça n’est pas considéré comme une info intéressante, c’est une anecdote de la vie politique ordinaire… »
2°) « L’affaire » dite n°1 / Octobre 2008(par Jean Quatremer) L’affaire est banale, du moins pour DSK : à peine arrivé à Washington, il tombe sous le charme d’une responsable du FMI, XXX, mariée à un économiste argentin réputé, lui-même ancien employé du Fonds, de la Banque centrale argentine et de la Banque d’Angleterre. L’ancien ministre des finances socialiste est connu pour ses très nombreuses aventures et ses méthodes de drague lourde qui confinent parfois au harcèlement. Il se montre particulièrement pressant, multipliant les mails et les appels téléphoniques à partir de décembre 2007. Finalement, la dame cède à ses avances en janvier 2008, à l’occasion d’une conférence en Europe. Le mari découvre l’affaire et la relation cesse. Quelque temps plus tard, elle quitte le FMI.
Je connaissais cette affaire depuis huit mois. Une source proche du couple m’en a informé, mais je n’ai jamais pu leur parler, celui-ci refusant toute publicité, ce qui rendait difficile une publication sur le sujet. D’après cette source, le couple et surtout la femme ont été particulièrement atteints par cette affaire. L’enquête devra donc déterminer si DSK a abusé de sa position vis-à-vis de sa subordonnée et s’il l’a ensuite poussé vers la sortie. De même, ses indemnités de départ ont-elles été plus élevées que la normale afin de s’assurer de son silence ? Selon l’avocat de XXX, cité par le WSJ, elle n’aurait subi aucune pression pour quitter le FMI et n’aurait touché que son dû.
DSK, intelligemment, ne nie pas l’affaire, dans un pays où le mensonge est presque pire que l’adultère : « l’incident qui s’est produit dans ma vie privée » a eu lieu en janvier 2008, déclare-t-il dans un communiqué. « À aucun moment, je n’ai abusé de ma position de directeur du fonds ».
Quelle que soit l’issue de cette affaire, elle n’est guère surprenante. Les lecteurs de ce blog se rappellent que j’avais prédit, le 9 juillet 2007, que DSK, dont tous les médias connaissent le goût pour une sexualité débridée, risquait des ennuis dans un pays qui ne plaisante pas avec la morale, en général, et le harcèlement sexuel en particulier (lire aussi ce billet). Ce papier, qui avait eu un fort retentissement sur la toile, m’a valu de sévères critiques…
Même si le harcèlement reste à prouver, comment être certain qu’une subordonnée donne un consentement libre à des relations sexuelles avec son patron ? Un minimum d’intelligence politique aurait du amener DSK à s’abstenir, à tout le moins, surtout qu’il s’est fait de solides ennemis au sein d’une institution qu’il a entrepris de réformer. L’homme est en tout cas atteint, même si sa démission n’est pas à l’ordre du jour. Pour l’instant. Et ce, au pire moment pour la France qui promeut une réforme du capitalisme mondial et qui comptait bien sur DSK pour l’aider dans cette tâche. »
3°) « L’affaire » dite n°2 / Octobre 2008Une deuxième histoire avec une stagiaire française aurait pu se produire. Le comité d’éthique a d’ores et déjà blanchi le directeur du FMI sur ce point, que l’équipe DSK trouve «purement abject». «Il y a une volonté de nuire, dit-on. Cette jeune étudiante de Sciences-Po a effectué un stage au mois d’août. Les époux Sinclair l’ont hébergée, elle avait un statut de stagiaire et elle a, depuis, rejoint Paris.»
DSK est suspecté d’avoir favorisé « le recrutement d’une jeune stagiaire française » au FMI, en « contournant les procédures classiques de recutement ». Agée de 26 ans, cette ancienne élève de DSK n’avait apparemment pas le profil habituellement recherché pour un tel poste. Cette seconde affaire « recouvrerait une dimension plus politique que sexuelle », d’après Le Monde.fr.
Du coup, le FMI avait lancé une enquête pour savoir si son directeur avait joué un rôle dans la nomination de cette jeune femme à un poste très convoité de stagiaire au sein du département recherche de l’institution, d’après Le Monde.fr, qui s’appuyait sur les infos du Wall street Journal.
Ce journal américain qualifiait ce mardi matin la jeune femme de « political protégé » de DSK et précisait qu’elle a participé en 2005 à la campagne de Dominique Strauss-Kahn pour l’investiture socialiste à la présidentielle. « Elle participait à tous ses meetings », raconte une ancienne camarade de la jeune fille à Sciences Po.
Ses parents seraient des amis du couple Strauss-Kahn-Sinclair, d’après le Wall Street Journal…
4°) Anne Sinclair réagit pour sauver (une nouvelle fois) son mari :
« Chacun sait que ce sont des choses qui peuvent arriver dans la vie de tous les couples ; pour ma part, cette aventure d’un soir est désormais derrière nous ; nous avons tourné la page. Puis-je ajouter pour conclure que nous nous aimons comme au premier jour. Il y a le reste, qui relève de notre vie privée, sur laquelle je n’ai pas l’intention de m’exprimer. »
Si ce geste révèle une certaine classe et beaucoup d’amour (quoique , on se dit aussi qu’il ne devait donc pas être terrible terrible leur « premier jour », du coup…), j’aimerais simplement qu’on ne fasse pas passer leur couple en général et le comportement de monsieur comme celui « de tous les couples ». Rappelons que je ne juge en rien, s’ils sont heureux comme ça, c’est très bien, mais ne racontons pas des mensonges aux citoyens en se drapant dans une probité candide…
5°) En synthèse, DSK est un dragueur invétéré (comme 50 % des hommes politiques), peut nous importe qu’il trompe sa femme (c’est leur vie privée, et le moins qu’on puisse dire, c’est que cela leur convient), mais gros problème, c’est qu’il ne peut pas s’en empêcher, et surtout qu’on est à la limite du harcèlement sexuel - même si personne n’a (jusqu’ici) porté plainte, il est vrai. Notez que les proies sont généralement ou journalistes politiques ou militantes PS, ce qui ne facilite pas le dépôt de plainte (et puis, pensez, un gars qui pourrait être président de la république…), hein…
Dans les commentaires, l’auteur indique : « j’ai assisté à deux scènes limites et j’ai des témoignages… Faut pas me chercher Mais, bon, on verra s’il peut se contrôler à Washington. »
« Pourvu qu’il ne refile pas un poste à une de ses « assistantes », surpayé, et tout et tout…
