« Faute de… » réflexion ?
Coup de gueule, Media décembre 30th, 2008Dans la série « les grands marronniers de quand on n’a rien à dire », voilà maintenant le « mais c’est incroyable, on meurt à l’hopital !!! ».
Bien sûr, la mort d’un bébé à cause d’une erreur de flacon est dramatique.
Bien sûr, le fait de ne pas trouver de place rapidement en réanimation est atroce.
Mais est-ce bien une raison pour faire de ces faits divers une ouverture des JT, et des invités, et de la politique, etc.
L’hôpital manque de moyens, c’est sûr. Je ne comprends pas pourquoi on a énormément codifié des obligations de repos pour les salariés (et même pour les fonctionnaires c’est dire) alors qu’on n’est pas choqué par un chirurgien qui va devoir travailler pendant 70 heures d’affilée, en enchaînant les gardes… Si on n’accepte pas qu’une carte grise soit mal faite, pourquoi n’a-t-on pas la même exigence pour des opérations ? (JE NE VEUX PAS être opéré par un chirugien qui n’a pas dormi depuis 40 heures !!!)
Toutefois, le gros problème de l’hôpital reste un problème de manque d’organisation, de manque de regroupement, que les politiques refusent souvent. Et puis on a juste un déficit annuel de 20 à 25 % des ressources, une paille quoi…
MAIS arrêtons-nous sur le second cas. Rappel des faits : un homme de 56 ans, victime d’un malaise cardiaque dans l’Essonne le 27 décembre en fin de soirée, n’a pas pu être admis en réanimation avant 6 heures du matin, faute de place dans les 27 établissements hospitaliers d’Ile-de-France contactés par le SAMU. Son décès est survenu au moment où il arrivait à l’hôpital Lariboisière (Paris).
Rappelons qu’être dans un véhicule du SAMU n’est pas très différent d’être dans un service de réanimation.
Rappelons que le taux de mortalité dans un service de réanimation est de 40 %. MAIS lisons les titres :
- Le Point.fr : Un patient décède faute de place en réanimation
- Le Figaro.fr : Décédé faute de place en réanimation
- France Info : Faute de place en réanimation, un patient décède
- et l’AFP : Hôpital: un homme décède faute de place en réanimation
BREF, on voit que tout le monde copie l’AFP. Passe encore. Mais sommes-nous bien d’accord : « faute de » implique un lien de causalité direct, sous entendu « en réanimation, le patient ne serait pas décédé », ce qui est une imbécilité sans nom… Le patient a juste fait 3 infarctus dans la nuit, il avait le profil pour faite partie des 40 %…
Comme quoi un simple mot change beaucoup de choses…
Quelques chiffres plus sérieux, non rappelés dans ces affaires : chaque année, en France, les infections nosocomiales tueraient davantage de personnes que les accidents de la route ! 10 000 morts par an, peut-être (les chiffres varient de 4 000 à 12 000 personnes). Ces maladies, qu’on dit nosocomiales, s’attrapent à l’hôpital. Elles sont provoquées par des bactéries qui s’attaquent aux plus faibles d’entre nous, lors d’une opération ou lors de soins post-opératoires. En clair, vous rentrez à l’hôpital pour un problème de santé et vous en ressortez avec un autre. 800 000 patients sont ainsi infectés chaque année. Des chiffres considérables et inquiétants mais qui sont trop souvent vécus comme une fatalité par le corps médical. « Le risque zéro n’existe pas ! » disent les médecins.
On en parle quand au JT ???
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