Kidnapping d’Etat : Un arrêt de bus pour Sarkozy
Non classé février 14th, 2009Un extrait de l’indispensable Canard enchaîné du mercredi 28 janvier 2009 n° 4605
A la sortie n° 15 de l’autoroute A 5, mardi 20 janvier, un car de tourisme est intercepté par les pandores. Contrôle. Et pas seulement pour le chauffeur ou les papiers du véhicule … Chaque passager doit décliner son identité. Bienvenue dans le fichier Stic.
Les 55 voyageurs, fonctionnaires du ministère du Développement durable, ont quitté la banlieue parisienne de bon matin. Ils se dirigent vers Sourdun, près de Provins en Seine-et-Marne. Motif de cette virée : Sarkozy y est attendu pour vendre sa réforme de la carte militaire. La riante bourgade 1487 habitants perd son régiment de hussards et « en échange » sa caserne désaffectée accueillera les fonctionnaires en question qui veulent manifester leur opposition à cette délocalisation.
Les gendarmes, eux, restent muets sur cette interpellation en rase campagne. Si ce n’est, lâche un militaire, que l’ « opération était en préparation depuis huit jours » et le car « pisté depuis la veille ».
Après ce premier arrêt, les redoutables manifestants reprennent la route. À l’arrivée dans Provins, rebelote. Halte ! la gendarmerie a reçu le renfort des poulets. Pas davantage d’explications. Cette fois le chauffeur reçoit l’ordre de ne pas ouvrir les portières.
Au bout de vingt minutes, une dame éprouve quelques difficultés à respirer. Une simulatrice, tranchent les flics, qui refusent de lui laisser prendre l’air. Il faudra appeler les pompiers, qui recommandent d’autoriser les voyageurs à sortir. Après une heure de palabres, la petite troupe est finalement encadrée, à pied vers la sous-préfecture, lieu de la manif. Évidemment entre-temps Sarkozy est reparti.
Questions :
- De quel droit a-t-on contrôlé l’identité de tous les voyageurs ?
- Où était le – trouble de l’ordre public – prévu par la Loi ?
- Quelle infraction avaient – commise ou tenté de commettre – les contrôlés ?
- Quand on leur a interdit de sortir du car, étaient-il en garde à vue ?
Interrogée par- le Canard -, la gendarmerie explique pour se justifier, le premier contrôle, qu’ « un accident se serait produit dans le coin ». Sic, et silence gêné.
Question subsidiaire : et si l’autocar avait transporté des militants UMP avec des pancartes à la gloire de Sarkozy ? La réponse est facile : les pandores auraient reçu l’ordre de leur ouvrir la voie, toutes sirènes hurlantes.