L’aide au retour – façon Besson…
Coup de gueule mars 22nd, 2009 Article dans l’excellent Canard enchaîné du mercredi 18 mars 2009.
Des sans-papiers qui osent rentrer tout seuls chez eux, sans laisser au ministère de l’Immigration le privilège de les expulser? Intolérable ! Heureusement, la police veille. Le 2 mars, sept Marocains qui voyageaient en car ont été arrêtés près de Perpignan, au moment où ils passaient la frontière espagnole pour rentrer en fourbes chez eux. Rebelote le 7 mars, avec dix autres travailleurs marocains chopés alors qu’ils filaient en douce … vers le Maroc.
Dans les Pyrénées-Orientales, c’est devenu un sport local : « La police attrape les sans papiers qui quittent le territoire pour gonfler le chiffre des expulsions », explique la Cimade, seule association présente dans les centres de rétention.
Attrapés au vol, nos Marocains – qui ne faisaient que passer en France après être partis d’Italie! – ont eu droit à un traitement de choix.
Tirés hors du car manu militari, la plupart n’ont pas pu prendre leurs valises. Et les bagages se sont volatilisés en chemin … « Le chauffeur a proposé de convoyer les bagages jusqu’au Maroc, explique sans rire le cabinet du ministre de l’Immigration Eric Besson. Les policiers n’auraient pas dû laisser faire. La règle est que les personnes gardent leurs affaires avec elles. »
Cerise sur la valise en carton, les dix Marocains interpellés le 7 mars ont eu droit à une « sale garde à vue », rapporte la Cimade : fouilles au corps et à nu, insultes, et des policiers qui, dans la soirée, ont mis un film porno à la télé, en poussant le son…
L’enquête ouverte après la plainte de la Cimade ne montre aucun mauvais traitement, affirme le cabinet Besson.
« D’ailleurs, on voit mal des fonctionnaires mettre un film porno avec tous les gens qui passent dans un commissariat. » Puisque c’est impensable, on n’ose y penser.
Depuis, nos Marocains ont rejoint le centre de rétention de Perpignan pour être expulsés… en avion, via Paris. On touche au génie: à vouloir expulser tout ce qui passe, l’Etat se retrouve donc à payer les billets d’avion de sans-papiers qui, de leur plein gré, rentraient chez eux en carferry ! « Ces Marocains auraient très bien pu s’arrêter en Espagne », rétorque le ministère de l’Immigration. Heureusement pour l’Espagne, la France expulse aussi les sans-papiers des autres…